Vous êtes ici

La FCO plombe la production laitière

Les ulcères des muqueuses du mufle sont un des symptômes les plus courants de la FCO chez les bovins. Crédit photo : Fourrure
Les ulcères des muqueuses du mufle sont un des symptômes les plus courants de la FCO chez les bovins. Crédit photo : Fourrure

Cinq mois après l’arrivée de la FCO-3, l’impact constaté sur la collecte laitière est notable. Surmortalité, baisses de production liées à la fièvre, mais aussi avortements, réformes subies et difficultés de renouvellement des cheptels se combinent aux mauvais fourrages de l’année 2024 et expliquent un recul de près de 10% de la capacité de production…

En cohérence avec le retour d’expérience des Pays-Bas, touchés un an plus tôt, les conséquences de la FCO sont importantes. La maladie a fortement affecté le cheptel laitier, ce qui c’est notamment traduit par une baisse de la production, dont on commence à évaluer l’ampleur. Selon l’Idele, qui a publié le 27 janvier dans son bulletin ‘’Tendances’’ les dernières données disponibles, « Dans la région Grand Est, par exemple, la collecte avait dépassé les niveaux des trois dernières années avant de chuter brutalement à partir de fin septembre, en raison de l’épidémie. » Ces effets sont d’autant plus dommageables que les zones touchées affichaient un bon dynamisme en 2024. Ces perturbations laissent présager un recul de la collecte laitière dans les régions concernées au cours du premier semestre 2025.

Des informations corroborées par les laiteries de la région. Ainsi, chez Pâturages comtois « pour la première fois depuis des années on a un décrochage de la collecte, déclare le directeur Laurent Chapuis : sur 2024 on était encore sur une tendance à la hausse, qui se tasse à partir d’août, et là sur janvier, un mois habituellement excédentaire, on va être à moins 9% par rapport à janvier 2024, ce qui va se traduire concrètement par un arrêt de la production samedi. Il y a un effet FCO, mais aussi un effet année, avec un printemps et un été pourris qui n’ont pas permis ni de pâturer dans de bonnes conditions ni de récolter de bons fourrages… » Dans ce contexte, la coopérative d’Aboncourt-Gésincourt se recentre sur les marchés les plus lucratifs, et réclame des hausses de prix dans les négociations commerciales avec ses partenaires commerciaux.

Dans un mauvais contexte météorologique

Mêmes échos à la fromagerie Milleret, où la collecte est aussi en repli, dans de moindres proportions. « On est à -7% de collecte, à périmètre constant. Il est difficile de distinguer l’effet année des impacts directs et indirects de la FCO, mais c’est un ensemble. Les élevages en lait de foin comme en lait d’ensilage sont également touchés. Pour l’instant il n’y a pas de conséquence sur la bonne marche de l’entreprise, nous avons un peu moins d’excédents à revendre sur nos contrats. Mais c’est quand même préoccupant pour la suite. »

Des conséquences amplifiées

Malgré l’atténuation des symptômes en quelques jours, les animaux touchés peinent à retrouver leur niveau de lactation. Au-delà de la baisse de productivité, la FCO a provoqué des problèmes de fertilité dans les troupeaux. Des vaches laitières n’ont pas été fécondées, décalant les inséminations fécondantes et, par conséquent, les vêlages. À cela s’ajoute une augmentation préoccupante des avortements. Et en particulier des avortements tardifs qui pénalisent fortement la lactation suivante, voire compromettent la carrière de l’animal. « Dans le suivi des données de reproduction à l’échelle de la zone Geniatest (Haute-Saône, Doubs et Territoire de Belfort principalement), le taux de non-retour à 90 jours est un indicateur pertinent de l’impact de la FCO. Il a baissé de 9% au moment de l’arrivée de la FCO, semaine 35. », expose Jean-Marc Vacelet, le directeur de Geniatest. Le GDS du Doubs a tenté de quantifier précisément l’impact sanitaire de la FCO, pour évaluer l’intérêt économique de la vaccination. « Si on fait le compte d’une surmortalité de 30 %, d’une hausse du nombre d’avortements de 70 % et du taux de non-retour à 90 jours (incluant avortements précoces), l’impact est de l’ordre de 5 200 € en moyenne pour un élevage foyer, soit 47 € en moyenne par bovin présent. Sans compter les autres pertes et charges. C’est davantage que le coût de la vaccination par l’éleveur contre la FCO (sérotypes 3, 8, 4) et la MHE. L’investissement est donc utile et rentable. », spécifie Cédric Chapuis, le directeur du GDS 25.