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Formation : l’agroforesterie, en pratique

A Port-sur-Saône, les stagiaires de l’Afpasa on abordé très concrètement la gestion du chantier d’implantation des haies. Crédit photo : A.Coronel
A Port-sur-Saône, les stagiaires de l’Afpasa on abordé très concrètement la gestion du chantier d’implantation des haies. Crédit photo : A.Coronel

L’implantation de haies ou d’arbres isolés ne s’improvise pas. Une formation organisée par l’AFPASA et la CA70 permet aux participants d’identifier les points clés pour mener à bien leur projet : planification du chantier d’implantation, préparation du sol, paillage, protection, entretien…

Une petite quarantaine d’agriculteurs haut-saônois ont répondu à l’appel à projet porté par la chambre d’agriculture autour de la mesure « plantons des haies », dans le cadre du plan national de relance. « Les formations que nous animons actuellement permettent d’accompagner les agriculteurs pour les aider à se former aux concepts de l’agroforesterie, afin qu’ils puissent faire les choix les plus pertinents, en fonction de leurs objectifs propres, et mettent toutes les chances de réussite de leur côté », introduit Damien Jolissaint, conseiller forêt à la CA70. De fait, les arbres ont des besoins et des dynamiques de croissance spécifiques, dont il faut tenir compte. « Ces formations nous permettent aussi de fédérer les demandes des agriculteurs pour des services ou des fournitures, comme les plaquettes forestières utilisées pour le paillage des plantations. »

Une bonne préparation du sol

C’est sur l’exploitation agricole de Vesoul Agrocampus, à Port-sur-Saône, qu’avait lieu l’une des journées de formation, le 3 février dernier. Le chantier d’implantation de haies brise-vent dans une pâture de la ferme a fourni un support pédagogique de choix aux formateurs. Ceux-ci ont pu détailler en particulier les volets « travail du sol », et « mise en place des plants », en s’appuyant sur les travaux en cours. « L’entrepreneur qui intervient ici a mis au point son propre outil de préparation du sol : il s’agit d’un sous-soleur multifonction, monté sur une mini-pelle. Dans un premier temps, avec le peigne désherbeur, une partie dentée, on déblaye la couche herbacée (dans le cas d’une prairie permanente) pour décaper le feutrage racinaire, sur un mètre cinquante de largeur environ. Ensuite, avec la dent munie d’ailettes latérales et d’un obus de sous-solage à l’extrémité, on décompacte le sol en profondeur, ce qui va faciliter la mise en place du jeune pied, la circulation de l’eau et le développement du chevelu racinaire. »

En théorie, il faut prévoir un délai de l’ordre d’un mois entre la phase de préparation du sol et la mise en place des pieds végétaux. « A nuancer selon le contexte pédo-climatique, détaille Michel Delhon, conseiller développement local : dans les terrains très argileux, il est intéressant de faire les travaux avant l’hiver pour bénéficier de l’effet du gel. » L’occasion de discuter avec les stagiaires de l’importance d’une bonne planification du chantier d’implantation des haies, alignements d’arbres, ou arbres isolés, qui prenne aussi en compte les délais de fourniture des pépiniéristes. « Mais avant tout, chaque projet se raisonne en fonction des objectifs de l’agriculteur (ombrage, brise-vent, production de plaquettes…), de ses contraintes, de son environnement. », poursuit Damien Jolissaint. Cette étape permet notamment de choisir des essences adaptées au contexte pédo-climatique local, et aptes à rendre les services attendus… mais aussi de préciser la position des lignes d’implantation (dans le cas de haies) ou les sites, en fonction bien entendu des usages naturels de la parcelle (pâturage, fauche, cultures annuelles…) Des piquets alignés, positionnés comme jalons, permettent de matérialiser les choses sur le site.

Planter efficacement et protéger

Joignant le geste à la parole, le conseiller forestier s’est livré à une démonstration de mise en place d’un pied ‘’racines nues’’ sur le terrain fraîchement décompacté, puis d’installation d’une gaine de protection plastique, maintenue par deux piquets. L’occasion de bien expliquer aux participants l’importance de chaque geste, et ce qu’il faut éviter également. « Le chevelu racinaire doit être déployé, il ne faut absolument pas l’enrouler autour de la racine principale, ou pire, le faire remonter vers la surface ! » Le jeune plant, installé verticalement, ne doit pas être enfoui profondément en dessous du collet, sous peine de devoir recréer un étage racinaire… « Le tassement autour du plant forme une cuvette qui permet la collecte des eaux de pluie. »

Le paillage, qui peut être un biofilm ou un matériau naturel, de type broyat de bois, limite la concurrence adventice pendant la phase d’installation des arbres. « Une nouvelle flore va se mettre en place progressivement au pied des arbres. » Pendant les premières années, une surveillance régulière permettra d’éventuellement dégager les jeunes plants, d’ôter des protections devenues gênantes ou blessantes dans leur développement, et d’éventuellement de tailler quelques branches basses. La taille est justement un des points du programme de la deuxième journée de formation, les 22 ou 23 février prochain. « L’identification visuelle des essences, y-compris hors feuilles, est un préalable pour tailler et élaguer correctement un arbre champêtre, et lui permettre d’atteindre une forme satisfaisante, qui ne gêne pas les travaux agricoles et permet à l’arbre de répondre aux objectifs de l’agriculteur. » Enfin pour conclure leur formation, au mois de septembre, les stagiaires seront invités à une journée complémentaire chez un pépiniériste alsacien.