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Travaux pratiques d'agriculture de conservation des sols !

Simuler l’impact d’un « sac d’eau » sur un sol déjà saturé en eau permet de comprendre les mécanismes de percolation, de lixiviation et de ruissellement.
Simuler l’impact d’un « sac d’eau » sur un sol déjà saturé en eau permet de comprendre les mécanismes de percolation, de lixiviation et de ruissellement.

Une demi-journée de travaux pratiques à Vesoul-Agrocampus, sur le thème de l’agriculture de conservation des sols, a mis en lumière tout le potentiel de cette manière de cultiver : pour garantir une production agricole durable et résiliente aux aléas climatiques, mais aussi pour pour répondre aux défis environnementaux de préservation de la ressource en eau.

Depuis plus d’un siècle, le sol est perçu de manière basique comme un support mécanique pour les cultures, une sorte d’éponge de terre à laquelle on apporte et on retranche des éléments fertilisants, dans une logique comptable… « Or le sol est un écosystème vivant à protéger et à valoriser. C’est important que des élèves en études agricoles puissent entendre ce message, et si cette journée nous a permis d’éveiller leur curiosité et de leur donner envie de regarder un peu ce qui se passe ‘’sous le capot’’, c’est une réussite », explique Olivier Née, polyculteur-éleveur à Pierrecourt, en Haute-Saône, et président de l'APAD Centre-Est (association pour une agriculture durable), qui promeut l’agriculture de conservation, un ensemble de techniques culturales destinées à maintenir et améliorer le potentiel agronomique des sols.

Un sol vivant, clé de résilience

Face aux défis climatiques et environnementaux, l’agriculture de conservation des sols (ACS) se présente en effet comme une solution innovante et résiliente. À la ferme expérimentale de Vesoul-Agrocampus, une demi-journée de travaux pratiques a permis de mieux comprendre ses piliers : rotation des cultures, couverture permanente et absence de labour.

Sécheresses plus fréquentes, excédents pluviométriques comme cette année, passages d’engins de plus en plus lourds et pas toujours dans les meilleures conditions… les sols sont soumis à rude épreuve. Les agriculteurs pratiquant l’ACS affirment qu’une gestion adaptée peut renforcer leur résilience face à ces stress. Lors de la journée organisée le 14 novembre dernier à Vesoul-Agrocampus, des démonstrations pratiques ont illustré les multiples bénéfices de ces pratiques.

Philippe Vilquin, Jean-François Ferrand, Jean-Paul Garnery, et d'autres membres de l’APAD Centre-Est et du groupe GIEE T-Sol, accompagnés par Stéphanie Weissenbacher, enseignante en charge des expérimentations agronomiques de Vesoul-Agrocampus, ont animé trois ateliers à destination des élèves, stagiaires et professionnels présents. Ces interventions ont mis en lumière les piliers de l’ACS : rotation des cultures, couverture végétale permanente et réduction, voire suppression, du travail du sol.

Simulateur de pluie

Le premier atelier, animé par Philippe Vilquin, a permis de visualiser les effets concrets de la pluie sur différents types de sols grâce à un simulateur de pluie. Comparant des sols nus, forestiers, en ACS et couverts végétaux, les participants ont pu observer l’impact de l’arrosage intensif. Les eaux de ruissellement et de drainage qui s’écoulaient dans les récipients racontaient une histoire édifiante : la macroporosité des sols en ACS favorise une meilleure infiltration, limitant l’érosion et protégeant les ressources en eau. Philippe Vilquin a expliqué également les risques environnementaux liés à l’entraînement des particules fines : comblement des fossés, pollution des nappes et intensification des crues.

Regarder de près ce qui se passe sous terre

Jean-François Ferrand, fort de 20 ans d’expérience en non-labour, a invité les participants à examiner un profil cultural, c’est-à-dire un sol vue en coupe. En scrutant les horizons, ils ont découvert les conséquence d’un travail mécanique répété d’année en année : semelle de labour, limitation de l’exploration racinaire, blocage du brassage de la matière organique par les vers de terre… Ces observations ont illustré le rôle essentiel de la structure du sol pour sa fertilité et sa capacité à supporter les aléas climatiques.

Enfin, Jean-Paul Garnery et Stéphanie Weissenbacher ont animé un atelier interactif sur les couverts d’interculture. Pièges à nitrates, structuration des sols, ou encore source de mulch, chaque espèce a ses atouts. Les échanges ont permis de découvrir la diversité et la polyvalence des couverts végétaux, tout en soulignant leur rôle dans la protection de la microfaune et des micro-organismes.

L’agriculture de conservation des sols, au-delà des démonstrations techniques, répond à des problématiques cruciales. En favorisant une couverture végétale permanente, elle limite le lessivage des nitrates, prévient l’érosion et améliore la structure des sols. En intégrant ces principes, les agriculteurs peuvent également valoriser la biomasse en fourrage ou pour la méthanisation, renforçant ainsi la durabilité économique et écologique de leurs exploitations.