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Grandes cultures : printemps pluvieux

La SCOP est très peu développée dans le monde agricole Crédit photo : Emeric Courbet
La SCOP est très peu développée dans le monde agricole Crédit photo : Emeric Courbet

Depuis la deuxième décade de mars, les perturbations se succèdent, apportant des précipitations attendues… un répit serait bienvenu pour la bonne fécondation des épis des orges d'hiver et des céréales secondaires.

Alors que sécheresse hivernale commençait à inquiéter cultivateurs et pouvoirs publics – les mesures de restriction d’usage de l’eau sont toujours en vigueur – les pluies sont revenues depuis la mi-mars, n’offrant guère de fenêtres de tir pour les semis de printemps ou les premières récoltes d’herbe. « L'élévation des températures et le développement de la végétation diminuent fortement l'efficacité de ces précipitations et n'ont permis qu'une recharge très partielle des nappes, sachant que celles-ci avaient atteint un niveau très bas à la sortie de l'hiver. », tempèrent cependant les services de la préfecture, rappelant que depuis septembre 2021, 14 mois ont connu des déficits pluviométriques.

Des conditions globalement favorables aux cultures d’hiver

Pour les cultures d’hiver, la situation est globalement favorable. « Les colzas sont défleuris. Seules quelques parcelles semées ou ressemées début septembre sont légèrement jaunes. La culture a bénéficié d’un bon ensoleillement pendant ce stade. Au niveau des principaux insectes ravageurs, la pression a été plutôt modérée à l’automne et au printemps, mis à part une présence importante de colonies de pucerons cendrés, à surveiller en fonction des évolutions météorologiques. Ils seront favorisés par le retour d’un temps plus chaud et sec. », relève Emeric Courbet, technicien Grandes cultures à la Chambre d’agriculture de Haute-Sâone. Côté maladies, le bulletin régional de santé du végétal alertait la semaine dernière au sujet d’un « risque élevé vis-à-vis du sclérotinia pour les parcelles non protégées. »

Les céréales d’hiver ont passé les derniers mois sans accident climatique notoire (pas de gelées tardives cette année). « Les blés poussent vite. Toutes les parcelles ont atteint le stade dernière feuille étalée. L’épiaison débute dans quelques situations ou variétés précoces. Dans notre essai, les variétés semées au 20/10 ou au 6/10 sont au même stade ! » poursuit Emeric Courbet. Pendant de la douceur et de l’humidité apportée par les fréquentes averses, la pression maladies foliaire est élevée ce printemps.

Risque d’explosion de rouille brune

« Sur blé, la septoriose progresse, on trouve des impacts sur F2 dans les zones non traitées sur variétés sensibles. » La septoriose est une maladie foliaire dont les symptômes caractéristiques sont des tâches marrons dans lesquelles on observe des points noirs, appelés pycnides. La maladie se propage du bas vers le haut de la plante en fonction de la fréquence et de l’intensité des pluies, par effet « splash » des gouttes d’eau. Attention avec le risque de confusion entre symptômes de septoriose et taches physiologiques. « La première, comme beaucoup de maladies cryptogamiques, progresse du bas vers le haut. A l’inverse, les tâches physiologiques n’affectent que la partie supérieure du feuillage. »

Une forte pression des maladies du feuillage

Autre maladie préoccupante, la rouille brune, qui progresse tranquillement mais risque d’exploser sur variétés sensibles (Apache, Celebrity, Compil, Complice, GIAMBOLOGNIA, Gerry, KWS Ultim, Macaron, Oregrain, Providence, Unik...) dans une dizaine de jours dans les témoins non-traités. « La rouille jaune est bien visible sur les variétés sensibles type NEMO. Il reste encore un certain nombre de parcelles saines qui n’ont pas reçu de fongicides. », complète Emeric Courbet, qui préconise, maintenant que le stade dernière feuille étalée est atteint dans toutes les parcelles, de procéder au traitement pivot, en fondant son choix et sa stratégie en fonction des variétés. Les orges d’hiver épient ou fleurissent depuis quelques jours, dans le même contexte de pression des maladies du feuillage. « Il faut terminer les protections fongicides si ce n’est pas encore fait. » L’inquiétude, à ce stade, réside plutôt du côté météo : « Le manque d’ensoleillement et de temps sec risque de défavoriser la fécondation des grains, notamment des céréales d’hiver secondaires (seigle, triticale, avoine…), des orges d’hiver, et si ça ne s’arrange pas, des blés qui ne vont pas tarder à fleurir. »

Dégâts de limaces dans les cultures de printemps

Les semis précoces de tournesol début avril n’ont pas bénéficié de conditions très poussantes. Les limaces grises et noires font des dégâts dans les cultures de printemps. Elles sont présentes surtout dans les parcelles sans travail du sol et avec présence de végétation pendant l’hiver. « Il y a eu des dégâts de limaces, ainsi que d’oiseaux, si bien que certains ont dû ressemer. En revanche les semis plus tardifs vont bien. », poursuit le technicien, qui rappelle qu’il est encore possible de semer des tournesols jusqu’au 15-20 mai. Les semis de maïs ont pris du retard, faute de créneaux suffisant pour permettre le ressuyage des sols gorgés d’eau et un travail dans de bonnes conditions. Le bon côté des choses, c’est que « le décalage de la date de semis, forcé cette année, permet de réduire l’infestation en adventices. »