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Graminées dans le colza : adopter la bonne stratégie

Vulpins dans du colza – Photo L.Jung Terres Inovia
Vulpins dans du colza – Photo L.Jung Terres Inovia

La pression du ray-grass et du vulpin augmente et les graminées deviennent une cible prioritaire dans les systèmes de culture. Pour Terres Inovia la solution passe par l’agronomie et le bon usage des herbicides.

Face à la pression des graminées, tous les leviers agronomiques connus doivent être activés, à l’échelle de la rotation. Ils sont incontournables. Dans les situations extrêmes, le recours à un labour d’opportunité n’est pas une aberration. Réalisé avec rasettes, il présente l’avantage de remettre à un niveau plus acceptable le stock grainier concentré en surface. Les faux semis, en interculture courte (avant blé) ou longue (en culture de printemps) sont efficaces et incontournables, surtout lorsque le faux semis est ensuite détruit au glyphosate. Un meilleur équilibre entre cultures de printemps et cultures d’hiver permet également de « casser » le cercle vicieux de ces graminées.

Tous les leviers agronomiques, et les herbicides à bon escient

Dans les situations où le ray-grass et le vulpin posent question, la postlevée avec propyzamide (KERB FLO, IELO, etc,.) se montre parfois insatisfaisante. Les cas les plus fréquents sont ceux où l’application d’herbicides de prélevée fait défaut. Une application de présemis incorporé avec napropamide (COLZAMID, etc..) ou de prélevée efficace est incontournable pour un programme optimal.

Il faut rappeler que la napropamide, en présemis incorporé, est certes contraignante mais reste de loin la solution la plus efficace contre le vulpin et le ray-grass. Dans la gamme des herbicides de prélevée, seuls les produits à base de métazachlore, de dimétachlore, de dmta-P et de péthoxamide sont efficaces sur ray-grass. Mais attention, sur vulpin, ce sont les herbicides à base de métazachlore qui sont préférentiellement conseillés (NOVALL, ALABAMA, RAPSAN TDI, SULTAN, BANDONEON, etc,.)

Postlevée précoce défaillante face au ray-grass

En 2022, les conditions sèches de fin d’été ont orienté les producteurs vers des traitements de postlevée précoce avec des produits de prélevée tels que NOVALL ou ALABAMA appliqués du stade rayonnant (stade cotylédons) afin d’être sûr de rentabiliser l’investissement. L’objectif est que l’herbicide soit en condition plus favorables d’humidité.

Dans ce cas, la lutte contre les dicotylédones gagne en efficacité (sauf sur géranium). Mais la gestion des graminées peut faire défaut notamment sur ray-grass. Une importante partie ray-grass lève au même moment que le colza. Or, l’herbicide racinaire n’agit qu’en prélevée de la mauvaise herbe (antigerminatif). C’est la raison pour laquelle la postlevée précoce manque d’efficacité et n’est pas conseillée contre ray-grass. Le phénomène est différent en lutte contre vulpin dont la majeure partie lève après le colza. Dans ce cas, une postlevée précoce avec un herbicide de prélevée conserve tout son potentiel.

Maintenir des bonnes conditions d’efficacité de la propyzamide

Tous les ans, des insatisfactions sur l’efficacité de la propyzamide sont signalées. La première question posée est celle de la résistance. Mais dans les faits, aucune population de vulpins ou de raygrass résistants à la propyzamide n’a été découverte en grandes cultures. Les défauts d’efficacité s’expliquent le plus souvent par des populations plus nombreuses et plus développées au moment de l’application de la propyzamide en entrée d’hiver. Pour optimiser l’efficacité de la substance active, l’application doit se faire en conditions de sol humide et fraiches (T° du sol inférieure à 10-12°C) sur les mois de novembre voire décembre au maximum ; et sur des adventices peu développées. Il est préférable d’éviter les applications avant des précipitations importantes pour limiter l’impact sur la qualité de l’eau. Enfin, il faut savoir être patient car l’efficacité de la propyzamide se juge trois mois après l’application. Dans un souci règlementaire et de qualité des eaux, l’application unique est la règle de base.

Les antigraminées foliaires, surtout contre les repousses de céréales

Les antigraminées foliaires sont principalement employés contre repousses de céréales (en application précoce vers 2-4 feuilles du colza), brome ou folle-avoine et la plupart nécessite l’emploi d’un adjuvant. En application précoce et contre repousses, la dose peut être modulée. Les adjuvants à base d’huile végétale sont les seuls conseillés (Mix-in, Actilandes, Actirob, Adenda,..). L’utilisation de ces herbicides contre ray-grass et vulpin est souvent un échec en raison de phénomènes de résistances aux inhibiteurs de l’ACCase. La résistance aux herbicides à base de cléthodime (CENTURION, OGIVE VXT, FOLY R, etc,.) est un peu moins fréquente, mais le nombre de cas progresse à grand pas. Le recours à ces herbicides, quand ils fonctionnent encore doit être exceptionnelle (rattrapage d’une prélevée défaillante) sinon la résistance va vite s’installer. Dans ce cas et pour réduire ce risque, appliquez ensuite un herbicide à base de propyzamide (type KERB, IELO, etc,..).

Synthèse des efficacités sur vulpins et ray-grass des applications au semis (essais de Terres Inovia)
Synthèse des efficacités sur vulpins et ray-grass des applications au semis (essais de Terres Inovia)