La volatilité des cours des céréales et des oléoprotéagineux complique les prises de décision des agriculteurs. Perfarmer, une application mobile, combine des fonctionnalités de suivi des cours, avec des seuils d’alertes paramétrables, avec la gestion des contrats de vente.
L’entrée dans une ère de forte volatilité des matières premières agricole ne date pas du déclenchement du conflit russo-ukrainien… Depuis le début des années 2 000, les cours des céréales font le yo-yo, au gré des ‘’informations’’ météorologiques et géopolitiques. Ces oscillations sont censées, dans la doctrine libérale, traduire l’équilibre du marché entre l’offre et la demande. Mais le caractère vital des denrées alimentaires renforce leur attrait pour les spéculateurs, désormais dotés d'outils de trading à haute fréquence, et faute de régulation étatique, l’instabilité est devenue structurelle. Cette situation est inconfortable pour les cultivateurs, qui ne savent pas à quels montants leurs produits seront payés quand ils démarrent un cycle de production de plusieurs mois et engagent pour cela des moyens importants (achats de semences, d’engrais, de produits de traitement des plantes…) « Le prix du blé, par exemple, change toutes les secondes et peut passer du simple au double au cours d'une même année. Comment faire face à ce risque financier qui vient s'ajouter aux difficultés climatiques ? », questionne Edgar Chaput, à l’origine de l’application mobile Perfarmer.
Déjà 17 000 agriculteurs utilisateurs
« C’est une application pour smartphones qui permet le suivi des cours en temps réel, avec un système d’alertes qui se déclenche si par exemple le prix objectif est atteint. Il y a aussi dans cette application un volet pour établir et signer numériquement un contrat de vente. L’application est diffusée par le réseau des coopératives et négoces agricoles (une quarantaine en France) qui proposent cet outil comme un nouveau service à leurs adhérents ou leurs fournisseurs. L’application est aujourd’hui utilisée par 17 000 agriculteurs français. Le principal intérêt, c’est la réactivité, qui permet une gestion plus fine du risque de volatilité. Et bien sût la sécurisation apportée par un contrat et sa signature électronique, pour dissiper les risques de litiges. », poursuit l’ancien salarié de Google, qui s’est associé à un agriculteur gersois pour développer Perfarmer.
Guillaume Faivre est céréalier à Oyrières, dans le val de Gray. Installé en septembre 2021 il exploite 175 ha en blé, orge, colza, maïs… et utilise l’application depuis son installation. « Je commercialise mes récoltes à la SAS Bresson, qui m’a proposé cette solution. C’est bien pratique pour le suivi des prix. Parfois je vais regarder jusqu’à quatre fois par jour quand ça bouge vite. L’idée, c’est de se fixer des seuils, d’estimer le seuil de rentabilité, par exemple du colza, en fonction de mon itinéraire technique, et de raisonner en fonction de ça la décision de vendre un lot à tel prix. L’appli m’envoie aussi le contrat quand j’ai pris la décision, ça m’évite d’appeler le technicien si je me décide à vendre. Bon, on ne fait pas que des bonnes opérations ! En gros, je vends de cette manière à peu près un tiers de ma production avant la récolte. Le reste je vais le mettre en dépôt : je reçois un prix d’acompte et plus tard un complément. »