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Blé tendre : pas d'urgence à fertiliser

D’après les premiers résultats, les reliquats sont plutôt élevés : en moyenne 54 unités sur 34 prélèvements.
D’après les premiers résultats, les reliquats sont plutôt élevés : en moyenne 54 unités sur 34 prélèvements.

Un apport d’azote bien dosé et bien positionné vis à vis des besoins du peuplement est la clé d’une fertilisation efficace. Le premier apport d’azote en sortie d’hiver doit être raisonné pour optimiser les rendements tout en respectant les contraintes règlementaires. Le bulletin Agrosaône précise que celui-ci pourra avoir lieu entre le 15 février et le 1er mars et préconise d'accorder la priorité au désherbage des graminées si aucune intervention n’a été réalisée.

Les fortes pluies automnales ont parfois compromis les semis, entraînant un enracinement superficiel dans certaines parcelles. L'hiver a été globalement doux et arrosé, mais déficitaire en termes d'ensoleillement. Au niveau des stades végétatifs, les blés semés entre le 25 octobre et le 5 novembre, majoritaires cette année, atteignent en ce moment le stade « début tallage ». Les semis plus tardifs y parviendront début février, avec des peuplements parfois fragilisés par l’excès d’eau. Côté fertilité, le modèle CHN estime une minéralisation de l’humus supérieure à la moyenne des cinq dernières années (70 à 75 unités d’azote selon les sols). Cependant, une partie de cet azote a percolé vers des horizons profonds, rendant son absorption par la plante difficile.

Mesurer le reliquat en sortie d'hiver

Pour ajuster au mieux la fertilisation azotée, la mesure du niveau de reliquat d’azote minéral en sortie d’hiver (RSH) donnera une idée précise des disponibilités réelles, résultant de différents processus liés au sol. Celui-ci dépend de la quantité d’azote minéral laissée par la culture précédente, de la production par minéralisation dans le sol, de la consommation d’azote par les couverts pendant l’automne et du drainage hivernal. Le RSH est un poste du bilan prévisionnel d’azote. Connaître cet indicateur permet d’ajuster au plus juste la dose totale d’azote à apporter… C’est le moment de faire les prélèvements ! Dans le cadre de la Directive Nitrates, les exploitations ayant au moins 3 hectares en zone vulnérable (ZV) doivent réaliser au moins un RSH sur une des trois cultures principales de l’exploitation. « D’après les premiers résultats, les reliquats sont plutôt élevés : en moyenne 54 unités sur 34 prélèvements. », peut-on lire dans le bulletin Agrosaône n°1 de 2025, en date du 28 janvier.
Le déclenchement de l’apport tallage doit se raisonner en premier lieu en fonction des conditions d’implantation et/ou excès d’eau. Une des conséquences de mauvaises conditions d’implantation, liées par exemple à l’excès d’eau et l’anoxie, est une croissance des cultures ralentie qui se traduit par des enracinements superficiels.

Comment raisonner l’apport au tallage ?

L’apport d’azote au tallage doit être ajusté selon les conditions d’implantation et les reliquats sortie hiver (RSH). Avec des besoins limités à 60 kg N/ha jusqu’au stade épi 1 cm, il ne faut pas dépasser 40 kg N/ha lors du premier apport pour éviter : d'une part une mauvaise valorisation (seulement 50 % de l’azote utilisé à ce stade), d'autre part des risques accrus de verse ou maladies, et enfin, une croissance excessive de la biomasse au détriment des rendements grains.
Dans les parcelles mal implantées ou en sols superficiels, l’apport est crucial pour soutenir un système racinaire peu actif. À l’inverse, si les RSH sont élevés (≥ 60 kg N/ha) et les conditions d’implantation optimales, on peut envisager une impasse.
Enfin, priorité doit être donnée au désherbage antigraminées avant toute fertilisation pour éviter de favoriser la concurrence des adventices. « Beaucoup de parcelles n’ont toujours pas été désherbées, désherbées trop tardivement, désherbés avec des programmes non adaptés à la flore et mal positionnés. Les applications réalisées en novembre n’ont pas reçu suffisamment d’eau pour être efficace sur des semis parfois motteux. La priorité est donc aux visites des parcelles et au désherbage des graminées avant de fertiliser les céréales ! » insiste Emeric Courbet, spécialiste grandes cultures à la Chambre d'agriculture de Haute-Saône.

Un apport sous contraintes

En zones vulnérables, la réglementation autorise les apports dès le 1er février. Cependant, cette date n’est pas un seuil technique. L’apport doit être déclenché en fonction des besoins réels de la culture, des objectifs de rendement et des conditions pédoclimatiques. Pour garantir un retour sur investissement, il est conseillé de viser des peuplements d’au moins 60 pieds/m² bien répartis. Une actualisation des objectifs de rendement pourra être envisagée au printemps, en tenant compte des observations de terrain.