La série d’incendies de bâtiments agricoles qui a touché la Haute-Saône incite à redoubler de vigilance. Les fourrages récoltés en août n’ont pas bénéficié des conditions de fanage les plus avantageuses et méritent une surveillance attentive.
Depuis le 20 septembre, on ne dénombre pas moins de sept incendies dans des exploitations agricoles du département. Une série noire qui s’explique en grande partie par les conditions météorologiques particulières de cette année 2021, caractérisée par un printemps et un été globalement frais et humides.
Des enquêtes de gendarmerie sont actuellement en cours pour déterminer l’éventuelle origine criminelle de certains de ces sinistres. Comme le précise Emmanuel Aebischer, président de la FDSEA70, en lien avec les services de la préfecture et le référent sûreté de la gendarmerie, il y a probablement un effet ‘’millésime’’ favorable au phénomène de fermentation et d’échauffement, qui augmente le risque de combustions spontanées : « nous avons tous été confrontés à des difficultés pour sécher nos foins de deuxième coupe, qui étaient à la fois abondants à cause des retards pris dans le calendrier de récolte, et difficiles à sécher à cause de l’humidité de l’air… Personne n’est à l’abri de rentrer quelques bottes de foin insuffisamment sec. »
Conseils de prudence
Stéphane Aubert Campenet, responsable de la section agronomie agroécologie à la CA70, précise : « Il faut être particulièrement vigilant pour les fourrages récoltés en août (9 au 16) et (24 au 31). D’après les éléments bibliographiques, les phénomènes d’auto-combustion apparaissent entre trois et six semaines après le stockage. Mais la fermentation peut être plus lente et les incendies peuvent se déclarer plus tard.»
Le technicien évoque aussi l’environnement de stockage. « Il faut aussi être prudent vis-à-vis des bâtiments de stockage fermés sur trois côtés et des bâtiments mixtes (fourrage + stabulation) fermés ou partiellement fermés. L’absence de circulation d’air dans le stockage empêche la ventilation des fourrages. De même, il faudra être vigilant pour les stockages au-delà de 5-6 m de hauteur, toujours dans cet objectif de permettre une bonne ventilation. Et prévoir des zones de circulation de l’air dans les piles de bottes en évitant de créer des blocs compacts de stockage. D’une manière générale, éviter de stocker des centaines voire des milliers de tonnes sans ventilation. L’idéal étant bien sûr de prévoir des murs de cloisonnement contre les incendies. »
L’occasion pour Stéphane Aubert Campenet, qui est également pompier volontaire, de rappeler l’importance pour les bâtiments agricoles de disposer d’une réserve incendie conforme aux préconisations des permis de construire…