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Energie : les mots de la « métha »

Lors de la table ronde avec, de gauche à droite : l'animateur, Julien Gauthey (SAS Bioénergie Pierroise), Romuald Remy (Gaec Martens) et Marine Cordelier (Solagro). Crédit photo : Berty Robert (TdB)
Lors de la table ronde avec, de gauche à droite : l'animateur, Julien Gauthey (SAS Bioénergie Pierroise), Romuald Remy (Gaec Martens) et Marine Cordelier (Solagro). Crédit photo : Berty Robert (TdB)

A l'occasion de la Journée régionale de la méthanisation, des témoignages ont permis aux participants de prendre la mesure de l'implication nécessaire lorsqu'on lance un tel projet dans le domaine agricole.

Un projet qui réclame de la réflexion : c'est avant tout ainsi que celles et ceux qui, aujourd'hui, mènent de front une activité agricole et de production énergétique par méthanisation résument leur choix. Cela tranparaissait dans les propos tenus par les intervenants de la table ronde organisée, en janvier à Beaune, en Côte-d'Or, dans le cadre de la première Journée régionale de la méthanisation, mise sur pied par le Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté (BFC) et l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe BFC). Pour le public présent, les retours d'expériences proposés étaient précieux. Parce qu'ils ne cachaient rien du développement important que la méthanisation peut représenter pour une exploitation agricole, mais aussi des difficultés à surmonter.

La méthanisation, pour quoi faire ?

Production de biométhane ? d'électricité ? capacité d'épandage des digestats ? Autant de dimensions constitutives d'un tel projet à bien prendre en compte dès le départ de la réflexion, comme le soulignait Marine Cordelier, qui accompagne des porteurs de projet pour le compte de Solagro, société d'ingénierie, de conseil et de formation dans le secteur de la méthanisation. « Il n'y a pas de recette miracle, ajoutait-elle, il faut réfléchir à ce que la méthanisation peut apporter à l'exploitation et prendre en compte de nombreux facteurs. » Réfléchir, c'est ce à quoi se sont astreints Julien Gauthey et Romuald Remy. Le premier co-dirige la SAS Bioénergie Pierroise, une structure qui fédère dix exploitations sur Pierre-de-Bresse, en Saône-et-Loire autour d'un méthaniseur qui tourne depuis un peu plus de deux ans. Quant au second, il est agriculteur à Essarois, dans le nord de la Côte-d'Or au sein du Gaec laitier Martens, qui compte quatre associés et qui dispose également d'une méthanisation. Tous deux confirment le défi que représente un tel engagement : « Pour nous la ''métha'' était véritablement un projet à part entière, souligne Romuald Remy. Le gaz sert de combustible à la cogénération et la valorisation des digestats permet une économie 60 % sur le poste fertilisation. »

« La ''métha'' c'est vaste ! »

Du côté de Pierre-de-Bresse, l'unité de méthanisation a été créée au terme d'une décennie de réflexion : « Nous sommes en Cuma, explique Julien Gauthey, et pour, nous, il y avait une question quant aux volumes d'effluents à traiter. La méthanisation avec injection nous permettait une valorisation économique à long terme. » Leur première injection dans le réseau de gaz a eut lieu en septembre 2022, « mais la ''métha'', poursuit-il, c'est vaste ! C'est compliqué d'être bon dans tout. C'est pourquoi nous nous sommes entourés d'un assistant à maîtrise d'ouvrage. Et nous avons suivi tout le chantier, il est important de s'y impliquer. » Autre point clé : mettre les habitants et les élus locaux dans la boucle, faire preuve de transparence pour faciliter l'acceptabilité sociétale d'un tel projet. La SAS Bioénergie Pierroise a su jouer cette carte vis-à-vis de l'extérieur. En interne, une méthanisation doit d'abord et avant tout avoir sa pertinence économique. Le Gaec Martens est allé très loin dans cette logique : « la cogénération nous permet d'alimenter le séchage du foin (700 t/an), précise Romuald Remy, elle alimente aussi en chauffage deux maisons et la salle de traite. Nous avons gagné en autonomie alimentaire et nous valorisons mieux notre lait. 100 % du troupeau est nourri par l'exploitation. Mais il est essentiel de bien comprendre le fonctionnement de la méthanisation. » En termes de résultat économique, la vente d'électricité représente 50 % du chiffre d'affaires de l'exploitation. « Au bilan, conclut l'agriculteur côte-d'orien, c'est la concrétisation d'un beau projet familial mais lourd à mener. C'est malgré tout une très bonne chose pour l'exploitation, qui nous permet de travailler différemment. »