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De l’optimisme, de la détermination, et beaucoup d’énergie !

Discours de Christiane Lambert. © HSA
Discours de Christiane Lambert. © HSA

Christiane Lambert a l’enthousiasme communicatif : lucide, précise dans ses déclarations, forte d’une expérience syndicale nationale et européenne, elle est venue galvaniser les troupes haut-saônoises à la veille de l’échéance électorale de la Chambre d’agriculture.

Christiane Lambert, ancienne présidente de la FNSEA, a éclairé le congrès syndical départemental de vendredi dernier d’une intervention passionnante et stimulante. Déjà venue à plusieurs reprises à des assemblées générales locales, elle a invité les participants à « regarder l’avenir avec lucidité, sans flagornerie ni démagogie ». Une posture qui reflète son engagement à la fois réaliste et optimiste pour l’agriculture française et européenne.

Les travailleurs du temps long

« Malgré les difficultés, vous avez su saisir des opportunités », a-t-elle souligné en saluant le travail des agriculteurs du quotidien, opposant ceux qui « sont au travail tous les jours » à ceux qui « apparaissent six mois avant l’échéance ». Cette différence fondamentale, selon elle, explique pourquoi « les pouvoirs publics choisissent toujours des interlocuteurs comme nous : des travailleurs du temps long, pas ceux qui poussent comme des morilles ».

Elle a également mis en avant le rôle crucial du syndicalisme dans la défense des exploitations agricoles : « Le message positif qui est porté, nous défendons la transmission de nos exploitations agricoles. Familiale ou non, cette suite est toujours changée, bonifiée, mais elle continue. Je souris d’avoir transmis la fibre et la foi, ces valeurs d’entreprise. » Cependant, elle a rappelé que ce labeur de longue haleine exposait aussi aux critiques et incompréhensions. « C’est un travail constant d’expliquer et de se faire comprendre, auprès des politiques, des consommateurs, des riverains et même dans sa propre famille ! », a-t-elle ajouté.

Victoires syndicales

Parmi les sujets concrets abordés, Christiane Lambert a détaillé les avancées déterminantes obtenues par des victoires du syndicalisme : le crédit d’impôt pour le remplacement, la déduction fiscale du capital-cheptel pour les éleveurs ou encore l’exonération de 30 % de la taxe foncière sur le non-bâti. Elle a également évoqué la dotation pour épargne de provision, un dispositif destiné à renforcer la résilience des exploitations face aux aléas économiques : « 50 000 euros peuvent être mis de côté et réincorporés dans les résultats dans les dix ans. Exempte de cotisations sociales, cette mesure est une véritable avancée. » Mais elle a pointé du doigt un manque de communication : « Les conseillers de gestion ne l’ont pas assez promue. »

Sur le sujet des retraites, elle a rappelé les longues années de combat pour une meilleure équité : « Depuis 25 ans, on se bat pour l’égalité. Désormais, prendre en compte les 25 meilleures années, ça ne représente pas moins de 250 à 350 euros mensuels de retraite en plus pour les producteurs de porc, nous l’avons chiffré à l’IFIP. » Une victoire qui, selon elle, illustre la ténacité nécessaire dans ce domaine.

L’ancienne présidente a aussi abordé des thématiques européennes, notamment le Pacte vert et ses conséquences pour l’agriculture : « Farm to Fork, c’est 27 textes agricoles, un véritable tsunami réglementaire. Nous avons montré que la production allait diminuer de 18 % en céréales, avec -50 % de phyto en cinq ans et 30 % des surfaces rendues à la nature. » Face à ces défis, elle a insisté sur la nécessité de s’opposer aux excès réglementaires tout en rappelant l’importance des enjeux environnementaux. Sur la problématique des loups, Christiane Lambert n’a pas mâché ses mots : « En Europe, y’a des loups partout, y’a des problèmes partout. On a eu la chance qu’un loup croque le poney d’Ursula von der Leyen pour faire avancer le déclassement du loup. » Une anecdote choc qui reflète, selon elle, l’urgence de mieux encadrer la gestion de ces prédateurs.

Enfin, en lien avec le traité de libre-échange avec les pays du Mercosur, elle a insisté sur l’importance de consolider les acquis et de continuer à défendre une agriculture non délocalisable et stratégique : « En 1999, la théorie du libre-échange prévalait. Aujourd’hui, on peut s’enorgueillir d’un bon bilan carbone. Mais l’Europe perd pied dans le concert international. » Elle a plaidé pour des clauses miroirs dans les accords commerciaux et dénoncé les pratiques de déforestation en Amérique du Sud, en appelant à une Europe plus ferme et plus cohérente dans son combat climatique.

Au-delà de son discours, Christiane Lambert a surtout transmis un message de fierté et d’encouragement à ceux qu’elle appelle affectueusement « les travailleurs du temps long ». « Ce qui paye, c’est le travail. Rousseau au boulot plutôt que Le Floch sur TikTok », a-t-elle lancé en guise de conclusion.