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Congrès des JA : Marc Fesneau n’est pas passé des paroles aux actes

☀️Photo de famille des JA réunis pour construire l'agriculture de demain !
☀️Photo de famille des JA réunis pour construire l'agriculture de demain !

Le 56e Congrès national JA s’est tenu à Saint-Malo du 6 au 8 juin. Marc Fesneau est venu conclure les travaux sans vraiment convaincre.

« Des actes » : juste avant la séance des discours, les quelques 600 jeunes agriculteurs réunis en Congrès à St-Malo du 6 au 8 juin, ont brandi de nombreuses pancartes demandant au ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, d’agir. C’est Pierrick Horel, secrétaire général de JA, qui s’est fait « le porte-paroles des voix des régions ». Il a dénoncé « les attaques incessantes sur l’élevage » ; il a demandé le « plein respect » des lois Egalim ; une panification réaliste de la transition environnementale (« pas d’interdiction sans solution »). Il a enfin évoqué, sous des applaudissements redoublés, « la situation invivables des éleveurs » face à la prédation. Alors, notamment dans le cadre du futur Pacte et de la loi d’orientation et d’avenir agricoles (PLOA), les JA demandent « des actes, pour avoir une vraie vision d’avenir » pour l’agriculture française.      

« On se serre les coudes »

Pour sa première intervention à un Congrès JA en tant que président de la FNSEA, Arnaud Rousseau a insisté sur les trois leviers à actionner. Le premier est la compétitivité de l’agriculture. « Le revenu est central, pas d’agriculture sans revenu. Notre unité de mesure sera la part des produits français dans l’assiette des Français ». Deuxième levier : l’attractivité. 100 000 agriculteurs seront en âge de prendre la retraite en 2030. « Nous devons créer les conditions favorables à la désirabilité de nos métiers » a-t-il insisté. Enfin, Arnaud Rousseau a réclamé « un pacte avec la société. Il est nécessaire de poser les nouvelles bases d’un dialogue. Sortons des attaques dans les territoires qui meurtrissent les agriculteurs ». Dans son intervention, il a également insisté sur les relations entre la FNSEA et JA en louant « la capacité à échanger » des deux syndicats, « la capacité à faire vivre nos échanges au quotidien ». « Nos analyses sont complémentaires, nos expertises s’enrichissent les unes les autres ». « Les échéances nécessitent un syndicalisme fort et constructif » évoquant notamment les élections aux Chambres d’agriculture en 2025. « La FNSEA, c’est votre maison demain. Je ne peux concevoir un avenir sans un passage de relais efficace entre JA et FNSEA ».

Entre FNSEA et JA, « nous sommes en famille », a répondu Arnaud Gaillot, président de JA. « Et en famille, on se serre les coudes, on ne se tourne pas le dos ». Dans son adresse au ministre, il a demandé « une application pleine et entière des Egalim ». « Il faut des contrôles, il faut des sanctions (en cas de manquement) et qu’elles soient appliquées ». Car il en va du revenu des agriculteurs. Le but des Egalim était de « ramener de la valeur dans les cours de ferme. Le prix doit être construit en marche avant ». Et sans revenu pour les agriculteurs « aucune transition ne sera possible. Une entreprise qui n’est pas saine financièrement, ne peut pas mener une transition ». « Nous avons besoin de temps long. La transition ne se fera pas en 5 minutes ». « L’acte de production qui est le nôtre est oublié par certains responsables politiques »ajoute-t-il en rappelant les « attaques contre l’élevage ». Pourtant « le Président de la République est très clair à chaque prise de parole sur la souveraineté alimentaire ». Alors « on se demande pour qui travaillent certains membres du Gouvernement ? » « Il est temps de remettre de l’ordre dans la boutique », a-t-il demandé en se tournant vers le ministre. En plus de ces attaques récentes, les éleveurs subissent les dégâts de la prédation. « Nous doutons de la volonté du Gouvernement d’accompagner les éleveurs à lutter contre les prédateurs ». 

« Renforcer les contrôles » 

Malgré ces difficultés, JA souhaite être actif dans la préparation de la PLOA. Mais « il faut un vrai Pacte avant de passer par la loi ». Il a également insisté sur l’échelon européen, « un échelon indispensable ». Il a salué la prise de conscience par certains parlementaires européens « que la souveraineté alimentaire n’est pas incompatible avec la lutte contre le changement climatique ». « Croire que la récession est la seule façon de s’en sortir est une folie. Comment nourrir plus de gens, en produisant moins ? » « Grâce à notre binôme avec la FNSEA, nous saurons être le syndicalisme de solution. Demain se construit aujourd’hui ». « Préparer la transition, c’est s’en donner les moyens », a répondu Marc Fesneau. « Nous avons réussi à sortir de la déflation. Mais il va falloir renforcer les contrôles ». « La question de la rémunération, c’est celle de la valeur que l’on veut donner à l’alimentation ». « Il faut sortir de la spirale qui veut que le bon prix soit le prix le plus bas ». « Si le combat est celui du prix le plus bas, c’est la disparition de l’agriculture française ». Le ministre a appelé a davantage de cohérence, tant au plan européen que national. « L’Europe ne peut pas penser puissance, si elle ne se donne pas les moyens de la puissance. Elle ne peut pas avoir la souveraineté alimentaire, si elle ne s’en donne pas les moyens ». Sur le plan national « nous devons être au rendez-vous de la commande publique » pour remplir les objectifs d’Egalim. Quant à l’élevage, là aussi il faut être cohérent. « Si on défend les prairies, si on défend les haies, alors on défend les élevages ». « Il faut donner de la planification, de la visibilité aux agriculteurs ». Marc Fesneau a terminé son propos en citant Châteaubriand, natif de Saint-Malo : « Le péril s’évanouit quand on ose le regarder ». De belles paroles qui n’ont pas suffi à convaincre. A la fin de son discours, les pancartes « des actes » sont réapparues !