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À bâtons rompus

Le Préfet de Haute-Saône Michel Vilbois avec Michaël Muhlematter
Le Préfet de Haute-Saône Michel Vilbois avec Michaël Muhlematter

Le Préfet de Haute-Saône Michel Vilbois s’est rendu mercredi à Mollans pour visiter la Ferme de la Fontaine. Pas de sujet particulier au menu, simplement un panorama d’actualités agricoles.

Après la visite de Pâturages Comtois la semaine dernière, le préfet de Haute-Saône Michel Vilbois a poursuivi cette semaine son approfondissement du milieu agricole départemental avec la visite de la Ferme de la Fontaine à Mollans, le mercredi 5 avril. Accompagné du DDT Didier Chapuis, il a bénéficié d’une visite guidée des installations, pour une discussion « à bâtons rompus » autour de divers sujets agricoles.

Economie

Michaël, Brice et Jordan Muhlematter lui ont fait découvrir les installations de production d’énergie (méthanisation et production d’électricité par cogénération), de séchage (en grange, et à plat), l’atelier de transformation (fromages et yaourts) et bien entendu la production laitière.

Plus qu’une inspection ou qu’un simple survol, la visite a été l’occasion de brosser des sujets d’actualité dans un contexte détendu. La place de la méthanisation en agriculture, par exemple, et son acceptabilité. « Ici, la méthanisation vient compléter un système agricole en place, elle ne vient pas le bousculer », observe par exemple le DDT à qui l’un des associés explique le cycle de la matière organique dans l’exploitation.

Dans un contexte de forte hausse de prix des intrants, les associés constatent que leurs charges d’engrais ont au contraire beaucoup diminué depuis l’installation de la méthanisation, dont les digestats ont même permis de « déplafonner » certains rendements, probablement grâce à la disponibilité plus importante de certains oligo-éléments qui n’étaient auparavant pas surveillés.

Environnement

Intrants locaux, exports locaux (plan d’épandage) et commercialisation locale : l’exploitation cultive la proximité. Et pas forcément en attendant que les objectifs gouvernementaux ou départementaux de restauration collective viennent tout résoudre. C’est sans doute en diversifiant les débouchés que l’on assure son avenir, la vente directe étant un débouché restreint, mais pas anecdotique non plus.

Autre sujet brûlant, mais qu’il vaut mieux aborder à froid : l’eau. « Si demain on nous annonce le climat de Lyon à Mollans, pourra-t-on faire l’impasse sur l’irrigation ? » se demande Michaël Muhlematter. En passant près d’un ruisseau qui débordait il y a encore quelques jours, la remarque fait réfléchir : pourquoi s’empêcher d’en capter une partie avant qu’il ne s’échappe vers la mer via le Lauzin et l’Ognon ? Mieux vaut-il en parler maintenant que le besoin n’est pas si pressant, ou quand on y sera contraints ? Sur les 5 dernières années, on a connu déjà 4 étés durant lesquels les animaux ne pouvaient plus pâturer entre juillet et octobre.

Petit calcul : 25 mm sur 20 ha de luzerne, c’est une coupe de plus pour l’éleveur. Cela demande 5 000 m³ d’eau. C’est une minute et quarante secondes du débit de l’Ognon à Chassey le 3 avril dernier. Ou c’est ce qui tombe en trois jours sur les toits des installations Peugeot à Vesoul.

Formalités administratives

Anne-Marie Muhlematter n’a pas non plus sa langue dans sa poche. Étant plus particulièrement en charge des dossiers administratifs, elle fait remarquer au représentant de l’État la charge que représente ce poste dans ce métier, comme dans d’autres. Une occasion saisie par le chef d’exploitation, également maire de Mollans, pour interpeller M. Vilbois sur les complications administratives que son conseil municipal rencontre pour la simple restauration d’une fontaine dans le village. S’il faut payer aussi cher en frais d’architecte qu’en frais de rénovation, cela risque de ne pas inciter les communes à entretenir le petit patrimoine. Comme quoi les méandres administratifs ne sont pas l’apanage de l’agriculture.