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Résultats d'analyses : des fourrages plus homogènes cette année, mais décevants en qualité

En 2024, les contraintes météorologiques ont empêché la récolte des fourrages à leur optimum nutritionnel. Crédit photo : A.Coronel
En 2024, les contraintes météorologiques ont empêché la récolte des fourrages à leur optimum nutritionnel. Crédit photo : A.Coronel

Conséquence d'une météo trop arrosée, les résultats des analyses réalisées par GEN'IAtest Conseil Elevage confirment la piètre valeur des fourrages récoltés cette année, à la fois pauvres en protéines et pauvres en énergie. Une situation qui oblige les éleveurs à compenser dans les rations. La campagne 2024 devrait aussi s’accompagner d’une vigilance accrue sur la présence d’éventuelles mycotoxines.

« Cette année, les conditions météorologiques ont été très difficiles pour la production de fourrages », rappelle Florine Leuvrey, responsable technique à GEN'IAtest Conseil Elevage. La pluviométrie excédentaire et persistante a retardé les chantiers de récolte, ce qui a nui à la qualité nutritionnelle des fourrages. Les échantillons prélevés montrent un décrochage généralisé des taux de matière azotée totale (MAT) et des unités fourragères (UF).

Pour les ensilages de maïs, les résultats sont plus homogènes que l’an dernier, mais de moindre qualité moyenne : une matière sèche (MS) entre 30 et 35% et un amidon à 33%. « Avec 12 points de MAT de moins par rapport à 2023, ces ensilages ne pourront pas être corrigés par des ensilages d’herbe ou du foin avec des MAT élevés… », relève Joël Dupré, conseiller d’élevage en bovin lait chez Geniatest. La situation est en effet similaire pour les ensilages d’herbe. Les premières coupes montrent des valeurs décevantes : 115 g de MAT en moyenne (avec des extrêmes allant de 86 à 191) et une faible digestibilité. Les secondes coupes présentent des UF à 0,79 et 136 g de MAT, des résultats qui confirment une tendance à la baisse par rapport aux campagnes précédentes.

Une attention particulière aux minéraux et mycotoxines

Les analyses des rations complètes ou semi-complètes, proposés par Haute-Saône Conseil Elevage à ses adhérents permettent d’évaluer, outre les valeurs énergétiques et azotées, les apports en minéraux. Phosphore, fer, zinc, cuivre… Neuf minéraux sont recherchés et dosés pour détecter éventuelles carences ou excès. « Ces données sont cruciales pour ajuster les rations et éviter des troubles métaboliques », rappelle Florine Levrey.

Par ailleurs, la Haute-Saône participe pour la deuxième année à l’observatoire national des mycotoxines. Les résultats départementaux 2024 montrent une hausse des teneurs en DON (déoxynivalénol) avec une moyenne à 1 750 ppb (contre 950 au niveau national). La Zéaralénone est également à surveiller, avec des concentrations atteignant 190 ppb, contre une moyenne nationale à 112. Ces substances, qui peuvent affecter la santé et la reproduction des animaux, imposent une vigilance accrue. « Nous sommes dans une année à risque, et les éleveurs doivent être attentifs aux troubles métaboliques pouvant être liés aux mycotoxines », alerte la responsable technique.

Des ajustements indispensables dans les rations

Les faibles teneurs en protéines et en énergie des fourrages récoltés cette année obligent les éleveurs à acheter des compléments pour couvrir les besoins des animaux. Céréales et tourteaux devront compenser ces carences. Cette stratégie, bien qu’indispensable, entraînera des coûts supplémentaires pour les exploitations. « Le rationnement devra être finement ajusté pour limiter l’impact économique tout en préservant la santé et la performance des troupeaux », conclut Florine Leuvrey.

Cette campagne illustre une fois de plus la forte dépendance des systèmes d’élevage au contexte climatique : après une sécheresse dramatique en 2023, ce sont les excédents pluviométriques qui ont compromis cette année la qualité des fourrages récoltés. Raison de plus pour raisonner les stocks fourragers et le cheptel à l’échelle de plusieurs cycles annuels, en prévoyant des stocks de sécurité et des repères d’ajustement du chargement animal, de manière à s’adapter à un risque accru d’aléas.