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Qualité des eaux : amélioration sur plusieurs critères dans la région

8 fois plus de paramètres mesurés dans les rivières et eaux souterraines depuis 30 ans. Crédit photo : Isabelle Renaut (Jura agricole et rural)
8 fois plus de paramètres mesurés dans les rivières et eaux souterraines depuis 30 ans. Crédit photo : Isabelle Renaut (Jura agricole et rural)

L’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse vient de publier son rapport sur l’état des eaux. En Bourgogne-Franche-Comté et Grand Est, 26 % des rivières sont en bon état écologique et 83 % des nappes souterraines affichent un bon état chimique. Ces résultats, évalués grâce à une surveillance en constante progression, notamment sur les micropolluants, permettent d’informer l’ensemble des acteurs et citoyens et de guider les actions en faveur d'une meilleure gestion de l’eau.

Aujourd’hui, en Bourgogne-Franche-Comté et Grand Est, 26 % des rivières seulement sont en bon état écologique, relève l’Agence de l’eau RMC dans son nouveau rapport sur l’état des eaux. L’eau est le plus souvent de bonne à très bonne qualité dans le massif du Jura, la partie montagneuse du territoire, ce qui n’empêche pas les rivières karstiques de ce massif de faire l’objet de plans d’action spécifiques pour retrouver un meilleur fonctionnement biologique. Les rivières sont plus dégradées là où la densité de population et l’activité économique (industrie, agriculture, tourisme) est plus élevée.

La qualité des rivières est quasi systématiquement altérée par la présence de métabolites de produits phytosanitaires dans les zones de plaine, notamment la plaine de la Saône ou sur les Côteaux bourguignons. Sur ce même secteur du Doubs aval, la qualité des rivières est également impactée par le changement climatique qui élève la température de l’eau, nuisant ainsi à la vie aquatique. Concernant les eaux souterraines, 83 % des eaux sont en bon état. Elles restent vulnérables notamment pour celles qui sont de nature karstique. Par exemple, la présence de produits de traitements de végétaux dégradent la qualité des eaux des plateaux calcaires de Haute-Saône et les alluvions de la confluence Saône-Doubs, constate l’Agence de l’Eau.

Des progrès visibles

Globalement, la qualité des eaux s’améliore sur bon nombre de paramètres et les progrès sont visibles sur les dernières décennies. La quantité de pollution organique dans les rivières a, en moyenne, été divisée par 20 pour l’ammonium1 depuis 1990. Ces bons résultats sont à mettre à l’actif d’une politique volontariste d’amélioration des systèmes d’assainissement des eaux domestiques, soutenue par l’agence de l’eau et les services de l’État. Cette amélioration de la qualité physicochimique profite à la biodiversité, dont la preuve est la présence stable des invertébrés, des diatomées et des poissons même si elle peut fluctuer en fonction des conditions hydro-climatiques comme en 2023 où la sécheresse sévère a impacté la vie aquatique.

Quant à certains micropolluants organiques, leur impact toxique dans l’environnement a été divisé par 4 entre 2008 et 2023 sous l’effet de la mise en place de normes de rejets, de politiques contractuelles avec les acteurs économiques (contrats de branche) en faveur de la baisse des émissions de ces substances mais aussi de l'amélioration continue de leur traitement par les stations d'épuration.

Mais les défis restent énormes pour enrayer les pollutions de toutes origines, que ce soit par les phytosanitaires ou des pollutions émergentes comme les PFAS que l’on détecte mieux grâce à l’amélioration des techniques analytiques.

Les micropolluants sous surveillance

La surveillance environnementale mise en place au niveau des bassins Rhône-Méditerranée et de Corse a permis d’identifier un très grand nombre de micropolluants dans les rivières et les eaux souterraines. Pour ces substances, l’amélioration progressive des connaissances de leur comportement dans l’environnement et de leur toxicité permettra la définition de normes et la mise en place des mesures nécessaires pour protéger la population et notre environnement.

En 2023, sur les 1 400 paramètres analysés dans les eaux des bassins Rhône-Méditerranée et de Corse, 706 produits de synthèse ont été détectés au moins une fois dans les cours d’eau (356 dans les eaux souterraines), dont la moitié sont des pesticides. Dans la grande majorité des cas, les rivières ne sont pas plus polluées qu’avant mais l’amélioration de la capacité de détection fait apparaître des nouveaux polluants qui ne sont donc pas intégrés à l’évaluation de l’état des eaux, faute de normes environnementales.

Depuis 2015, l’agence de l’eau suit 159 polluants « d’intérêt émergent » dans le milieu. Il s’agit de substances pharmaceutiques, de stéroïdes, d’hormones, de stimulants, de cosmétiques. Parmi ces substances, plus de 130 sont présentes dans les cours d’eau des bassins Rhône-Méditerranée et de Corse, rejetées principalement dans les excréta (urine, fèces) des humains et des animaux domestiques et dont le traitement dans les stations d’épuration n’est souvent que partiellement efficace.

En Bourgogne-Franche-Comté et Grand Est, certains cours d’eau cumulent un grand nombre de substances, par exemple le Salon à Chalindrey (52), l’Ouche à Crimolois et à Echenon (21) ainsi que la Vouge à Aubigny-en-Plaine (21) ou la Thalie à Saint-Rémy (71).

Concernant spécifiquement la famille des substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS), largement utilisés dans l’industrie pour des produits de consommation courante, le bassin Rhône-Méditerranée compte quatre des cinq sites de production français, dans le Rhône, le Jura et le Gard.

En 2023, ces substances ont été détectées au moins une fois dans 71 % des stations en rivière et 50 % des stations en eaux souterraines. Peu biodégradables, ces substances parfois surnommées « polluants éternels » se situent à l’aval de certaines villes où leur présence dans l’eau peut avoir diverses origines : rejets industriels, rejets urbains, utilisation de mousses anti-incendie à proximité des aéroports, etc. C’est le cas notamment de l’Ouche à l’aval de Dijon (21).

Des solutions pour agir

L’agence de l’eau soutient les actions nécessaires à la restauration du bon état des eaux par des plans d’actions concertés, associant plusieurs partenaires sur un territoire.
Par exemple, sur la Nappe de Dijon Sud, soumise à des pollutions de toutes origines, mais également déficitaire en eau sur les bassins versants de l’Ouche, de la Vouge et de la Tille, les actions engagées dans le cadre des deux contrats de nappe, associées à une évolution de la réglementation, ont permis d’améliorer la qualité des eaux. Les résultats sont positifs sur la source de Cent Fonts, exutoire naturel de la nappe superficielle, qui a reçu la distinction « rivière en bon état » de l’Agence de l’eau en septembre dernier.

Autre exemple récent sur le ruisseau de Bénusse, affluent en rive droite du Doubs dont la qualité s’améliore grâce aux efforts de chacun (Fédération de pêche, Grand Besançon, département, entreprises…) permettant la restauration du cours d’eau, l’optimisation de la station d’épuration de Dannemarie-sur-Crête et de son réseau d’assainissement et la limitation des rejets des professionnels de la zone d’activité. Ces travaux ont donné lieu à une démarche pédagogique des élèves du lycée de Dannemarie qui ont intégré la restauration de la rivière avec l’intérêt agronomique des parcelles. Les travaux sont encadrés par un suivi de la qualité et de la quantité de l’eau, des sols, de la faune (poissons et insectes) et de la flore en partenariat avec l’Université.

Ammonium : noté NH4+ en chimie, il s'agit d'un ion issu de la réaction des nitrates avec des minéraux contenant du fer. Peu toxique, mais responsable de l'eutrophisation des milieux naturels, c'est un bon indicateur de la pollution de l'eau par des rejets organiques d'origine agricole, domestique ou industriel.

6,5 millions de données annuelles

Chaque année, 1 400 paramètres chimiques et biologiques sont mesurés dans les eaux des bassins Rhône-Méditerranée et de Corse. C’est huit fois plus qu’il y a 30 ans lorsque la surveillance a démarré. 

En Bourgogne-Franche-Comté et Grand Est, il existe 208 stations de mesure en rivière et 259 stations de mesure dans les eaux souterraines dans lesquelles sont prélevés les échantillons d’eau qui sont analysés.

En 2024, ce sont 6,5 millions de données qui ont été recueillies et exploitées. Au global, l’agence de l’eau investit annuellement 10 millions d’euros pour coordonner et mettre en œuvre ce programme de surveillance avec ses partenaires.

Que mesure-t-on dans les eaux ?

Eaux superficielles : la qualité physicochimique (l’oxygène, la température de l’eau, la présence de nutriments et l’acidification) ; la qualité biologique (la présence de macro-invertébrés, diatomées, macrophytes, phytoplancton, poissons… (dont la grande sensibilité aux pollutions fait des bio-indicateurs pertinents) et l’état chimique (présence de substances dangereuses).

Eaux souterraines : l’état chimique (présence de nitrates et des pesticides) et la quantité d’eau (niveau des nappes par rapport à leur capacité de recharge).

Des données accessibles à tous

L’agence de l’eau met à disposition du public, sur internet, toutes les données acquises dans le cadre de la surveillance. Pour les eaux superficielles : https://www.naiades.eaufrance.fr/ et pour les eaux souterraines : https://ades.eaufrance.fr/

Un bilan actualisé de la qualité des eaux des bassins Rhône-Méditerranée et Corse est également disponible en ligne : https://rhone-mediterranee.eaufrance.fr/bilan-annuel-de-la-qualite-des-eaux-des-bassins-rhone-mediterranee-et-corse

Enfin, une application « Qualité rivière » permet de s’informer sur la qualité écologique des cours d’eau, sur les espèces de poissons qui s’y trouvent et sur la qualité des eaux de sites de baignade autorisés.