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Colza associé : une pratique en plein essor

Depuis une dizaine d’années, expérimentations aux champs et travaux de recherche ont permis d’explorer l’intérêt d’associer un couvert de légumineuses gélives aux colzas d’hiver, pour abaisser la nuisibilité des insectes ravageurs.
Depuis une dizaine d’années, expérimentations aux champs et travaux de recherche ont permis d’explorer l’intérêt d’associer un couvert de légumineuses gélives aux colzas d’hiver, pour abaisser la nuisibilité des insectes ravageurs.

Face aux limites techniques et règlementaires des insecticides de synthèse, l’association du colza avec d’autres plantes émerge depuis quelques années comme une solution agroécologique prometteuse. Cette pratique, en nette progression, constitue un levier efficace pour atténuer la nuisibilité des insectes ravageurs.

Méligèthes, charançons du bourgeon terminal, altises… les bêtes noires des cultivateurs de colza ont causé pendant plusieurs campagnes de forts préjudices de rendement, nécessitant parfois des ressemis complets de parcelles dévastées… Dans un contexte d’émergence de nouvelles résistances aux molécules insecticides homologuées et de restrictions règlementaires d’usage (conditionnalité de la nouvelle PAC à la baisse de l’IFT, retrait du phosmet et sursis provisoire pour le cyantranilipole par exemple), le recours à d’autres leviers de contrôle des insectes ravageurs monte en puissance.

Une progression notable de la pratique

Depuis quelques années, la pratique consistant à associer le colza avec des plantes compagnes, en particulier des légumineuses gélives, connaît un essor spectaculaire. Selon les enquêtes pratiques culturales de Terres Inovia, les surfaces concernées sont passées de 5 % en 2014 à près de 20 % en 2020 et 2022. Cette progression témoigne de l’intérêt technique de ces solutions alternatives pour les cultivateurs, solutions qui combinent performances technico-économiques et moindre impact sur les écosystèmes, en particulier sur les populations d’auxiliaires et de pollinisateurs.

Dans ce domaine, l’association du colza avec des légumineuses gélives, bien implantées, moyennant quelques, représente une des solutions les plus prisées, si l’on en croit les récents travaux conduit sur ce thème par Terres Inovia, dont les résultats étaient présentés lors d’un séminaire sur les plantes de services, organisé par l’INRAE les 21 et 22 novembre à Paris.

Réduire les dégâts d’insectes, objectif numéro un

Si les légumineuses ont aussi un intérêt en matière de captation de l’azote atmosphérique et de contrôle de la flore adventice (en couvrant l’interrang), le principal atout de leur association avec le colza est son efficacité contre les insectes ravageurs, notamment les altises et les charançons du bourgeon terminal. « Sur plus de 80 % des surfaces de colza associé, la lutte contre ces bioagresseurs constitue le premier service recherché, bien avant d’autres bénéfices comme la couverture du sol ou les économies d’azote. » a expliqué Stéphane Cadoux, responsable du département agronomie, économie et environnement (DAGRO), en s’appuyant sur les résultats de plusieurs enquêtes réalisées par l’institut auprès des agriculteurs.

Les légumineuses gélives, intégrées en tant que plantes compagnes, jouent un rôle clé. Leur présence dans les parcelles contribue à perturber les cycles des ravageurs, à réduire leur capacité de nuisance et à limiter les pertes de rendement. Ce dispositif s’inscrit dans une stratégie agroécologique globale, visant à renforcer la robustesse des cultures par une combinaison de leviers complémentaires.

Une vision agroécologique élargie

Au-delà de la lutte contre les ravageurs, l’association du colza avec des plantes compagnes s’intègre dans une démarche systémique portée par des acteurs comme Terres Inovia. Lors du récent séminaire organisé par l’INRAE à Paris, l’institut a présenté ses travaux innovants autour de stratégies territoriales de gestion des ravageurs. Ces approches incluent l’installation de couverts d’interculture pièges à altises, le développement d’infrastructures agroécologiques (comme des bandes fleuries ou des haies), et la coordination entre agriculteurs pour maximiser les services rendus à l’échelle locale. « Ces stratégies participent à une dynamique d’innovation mobilisant les plantes de services », a rappelé Stéphane Cadoux, Il souligne également que ces nouvelles pratiques, encore en phase d’expérimentation, soulèvent des questions de fond : comment évaluer les services rendus, non seulement à l’échelle de la parcelle, mais à l’échelle d’un territoire ? Et comment mieux valoriser ces approches agroécologiques auprès des filières ?

Un avenir prometteur pour le colza associé

Les résultats déjà obtenus laissent entrevoir un avenir prometteur pour l’association du colza avec des légumineuses gélives. Dans un contexte où l’agriculture doit conjuguer performance économique et respect de l’environnement, cette pratique est amenée à encore se démocratiser, en explorant peut-être de nouvelles associations.