Les orges de printemps peuvent être une alternative aux semis d’automne empêchés par les précipitations. Compte-tenu du court pas de temps pour établir rendement et qualité, l’itinéraire technique doit être soigné : implantation réussie et fertilisation précise.
La date de semis est conditionnée par la date de ressuyage des sols et la possibilité d’exécuter une préparation superficielle en un minimum de passages. Après l’hiver humide que nous avons traversé, il sera bénéfique d’attendre un ressuyage correct du sol plutôt que de vouloir semer à tout prix. Le créneau de semis idéal pour l’orge de printemps se situe dans une fourchette d’environ un mois, entre le 20 février et le 15 mars.
Un créneau d’implantation étroit
Les semis après la fin de cette période (parfois nécessaires après un hiver humide), risquent de pénaliser la capacité de tallage de l’orge. Il faut donc penser, dans ce cas, à augmenter les densités de semis pour pallier cet inconvénient. De plus, un semis trop tardif peut décaler le cycle dans une séquence de jours échaudants pendant le remplissage des grains. Les hauts rendements sur les orges à deux rangs, comme le sont les orges de printemps, sont souvent atteints avec des peuplements épis élevés.
La densité de semis aura pour objectif d’installer un peuplement suffisant, mais sans être excessif, pour éviter la verse assez fréquente sur cette espèce et par conséquent, la baisse du calibrage. Les recommandations s’établissent sur des fourchettes de 300 à 350 gr/m² sur les sols de limons et de 350 à 450 gr/m² sur des argilo-calcaires plus ou moins caillouteux.
Apporter l’azote au moment favorable
Le calcul de la dose totale d’azote prévisionnelle se réalise selon la réglementation du dernier programme d’action de la directive nitrates mis en place dans chaque région. En Bourgogne Franche-Comté, le calcul s’appuie sur le bilan de masse, en soustrayant un ensemble de fournitures du sol au besoin calculé, avec un besoin unitaire par quintal de 2,5 kg d’azote.
Le débouché des orges de printemps est majoritairement brassicole, ce qui implique de faire attention à la qualité technologique, et notamment, la teneur en protéines à travers la maîtrise de la dose totale et, dans une moindre mesure, le fractionnement. La gestion du fractionnement doit trouver un compromis entre efficacité acceptable (apports pas trop précoces) et une teneur en protéines compatible avec les exigences brassicoles. Le fractionnement - au semis (1 /3 de la dose) puis en végétation (2/3 de la dose à 3F-fin tallage) - est la stratégie la plus robuste
Que ce soit au niveau du suivi des cumuls de pluies sur les stations météo de la région ou bien d’études plus pointues de météorologues, tous s’accordent à dire qu’il n’y a pas de tendance significative (mais de la variabilité) sur l’évolution des pluies printanières pour le futur. Partant de ce constat et de l’inconnue du climat à horizon 1-2 mois, la stratégie de fractionner (semis puis tallage) est la plus robuste car elle permet de répartir les risques entre année sèche et année humide. L’apport en végétation doit être raisonné selon les pluies plus qu’à un stade précis. Ainsi, si entre 3 feuilles et début tallage, des pluies sont annoncées, il faudra en profiter !
Corriger les éventuelles carences avec le N-Tester
En général, il est souvent observé un retour des pluies fin avril - début mai, il faut donc profiter du N-tester, la seule solution pour revoir la dose selon le potentiel de l’année et l’état de nutrition des plantes. Des gains de rendements sont à la clé tout en restant dans la fourchette 9,5-10,5 % de protéines ! Attention, il faudra prévoir une bande sur-fertilisée dès l’apport d’azote au semis, et les diagnostics ne sont réalisables qu’autour du stade d’un nœud.