Le 8 décembre 2023, la start-up bordelaise Newheat et Lactalis ont conjointement inauguré une centrale solaire thermique révolutionnaire à Verdun. Cette installation sans précédent, qui occupe 5 ha pâturés par des ovins, réduira de 6% les besoins en gaz de l'usine de lactosérum, et améliorera significativement son bilan carbone.
Hugues Defréville, président et cofondateur de Newheat, a souligné le caractère territorial de ce projet lors de l'événement inaugural, mettant en avant les impératifs de décarbonation qui motivent l'entreprise. « Les enjeux sont colossaux, et aujourd’hui la chaleur renouvelable fait partie des moyens pour décarboner. Même si ce secteur est encore dominée par le bois-énergie, le solaire thermique représente l’avenir, car il offre le meilleur bilan carbone dans la palette des énergies renouvelables. Il n’émet pas de particules, son prix est stable et il est cinq à six fois plus performant que le photovoltaïque pour produire la même quantité d’énergie. Aujourd’hui, on produit 1,3 térawatt-heure grâce à cette technologie et la stratégie française sur l’énergie et le climat vise 10 térawatt-heure en 2035 »
Un emplacement stratégique
Les premières discussions entre Lactalis et Newheat remontent à 2017, aboutissant à la sélection du site de Verdun en 2018 pour la concrétisation de ce projet innovant. Hugues Defréville a souligné la compétitivité de l'emplacement de la centrale, déclarant que malgré les alternatives telles que l'installation de Narbonne reliée à un réseau de chaleur urbain, le choix de Verdun demeure compétitif. Le champ solaire, équipé de 930 panneaux importés de Finlande, occupe une surface de 14 843 m2 sur un terrain loué à un exploitant agricole de Fromeréville-les-Vallons, qui y fait pâturer une troupe ovine du printemps à l’automne. D'une technologie simple et robuste, les panneaux solaires thermiques captent la chaleur du soleil pour produire de l’eau chaude. La puissance maximale d'environ 13 MWth est complétée par une cuve de stockage de 3 000 m3, laquelle couvre plusieurs jours de production pour garantir une continuité de fourniture, y-compris la nuit ou par temps nuageux.
Conçue et déployée par Newheat, la centrale baptisée Lactosol est vendue à Lactalis dans le cadre d'un contrat de 25 ans. Cette installation permettra de réduire les émissions de gaz à effet de serre du site de 7%, soit environ 2 000 tonnes de CO2 annuellement, contribuant ainsi à éviter 50 000 tonnes de CO2. La consommation de gaz sera également réduite de 6%, à hauteur de 11% des besoins de la tour de séchage. Jean-Luc Bordeau, directeur général de Lactalis Ingrédient, a exprimé l'ambition d'ajouter une chaudière biomasse d'ici 2026 pour remplacer près de 50% du gaz consommé sur le site industriel par une énergie renouvelable.
Un cofinancement par les collectivités à hauteur de 50%
Cette installation, la plus grande centrale solaire thermique de France à ce jour avec sa superficie de 4,50 hectares, a été financée pour moitié par l'ADEME, le GIP Objectif Meuse, et la Région Grand Est. Elle marque un jalon majeur dans le paysage énergétique, démontrant la viabilité et l'importance croissante des énergies renouvelables dans le secteur industriel. Newheat, entreprise française créée en 2015, se positionne comme un acteur majeur des énergies renouvelables, avec à son actif déjà cinq sites produisant 40 MW au total. Leur portefeuille comprend deux réseaux de chaleur urbains (à Narbonne et à Pons) et trois sites industriels (une malterie dans l'Indre, une papèterie en Dordogne, et Lactosol à Verdun). Un sixième projet en Croatie est en cours, et la société a récemment levé 30 millions d'euros pour concrétiser quinze nouveaux projets au cours des trois prochaines années.