Après la façade végétalisée et les panneaux solaires en toiture, la maison des agriculteurs prépare la prochaine étape de sa transition écologique : le passage aux toilettes sèches…
C’est une petite révolution culturelle qui se prépare à la maison des agriculteurs de Vesoul : le syndic vient en effet de lancer une étude préparatoire au déploiement de toilettes à compost dans le bâtiment en 2025. Précisions d’abord de quoi il s’agit : les toilettes à litière biomaîtrisée (leur désignation scientifique) sont des latrines qui n'utilisent pas d'eau et permettent de récupérer les excréments pour en faire du compost. Initialement mises au point et perfectionnées pour les refuges et zones isolées, elles ont été démocratisées à la faveur de festivals regroupant plusieurs dizaines de milliers de visiteurs à la fin des années 90, comme une alternative économique et crédible aux toilettes chimiques. Depuis elles ont séduit nombre de particuliers, souvent militants de la protection de l’environnement, qui ont fait le choix d'en équiper leur propre maison d'habitation.
Préserver la ressource en eau
La préservation de la ressource en eau est le principal argument en faveur de ces toilettes sèches. « L’eau la plus pure est celle que l’on ne pollue pas… En France, pour 1,2 L d’excréments par personne et par jour, 50 L d’eau sont utilisés pour les évacuer. Cela représente 30 à 45 % de la consommation d’eau totale des ménages ! », précise Juliette Guespin, conseillère maraîchage bio à la CA70, et favorable au concept. Argument d’autant plus fort que le changement climatique fait peser une épée de Damoclès sur la recharge des nappes phréatiques, avec des sécheresses printanières de plus en plus fréquentes. Et que ce posera, un jour ou l’autre, la question de la concurrence des usages. Le coût du traitement des eaux usées est aussi à prendre en compte, car les fèces se dégradent mal dans l’eau…
Le passage de la Maison des agriculteurs aux toilettes sèches n’est cependant pas sans poser quelques difficultés techniques – cette réalisation serait une première française dans un bâtiment administratif - sans parler des réticences culturelles. « Il va falloir décider si nous optons sur des toilettes unitaires, où urine et excréments sont traités ensemble ou des toilettes à séparation à la source, où urine et excréments sont séparés pour des traitements et usages distincts. Le fumain obtenu, après compostage, pourrait être proposé au département des espaces verts de la ville de Vesoul comme fertilisant. », explique Martin Truchot, conseiller bâtiment à la CA70, et membre du comité de pilotage. Côté facteurs humains, il faudra vaincre de nombreux préjugés (la question des odeurs, l’insalubrité supposée, la complexité du fonctionnement…) Mais le jeu en vaut la chandelle, car cet investissement – subventionné par l’Ademe à hauteur de 60% - signe symboliquement la détermination de l’agriculture haut-saônoise à agir concrètement en faveur de l’environnement.