L’actualité internationale redonne à la production alimentaire toute sa dimension stratégique… Le syndicalisme jeune entend bien jouer son rôle d’aiguillon pour s’assurer le soutien des pouvoirs publics et des collectivités afin de relever les défis du renouvellement des générations, de la formation et de l’investissement, et de la préservation de l’environnement.
L’assemblée générale de JA 70 avait lieu le 9 mars dernier à Noroy-le-Bourg. L’occasion pour les jeunes agriculteurs de dresser un rapport d’activité qui témoigne à la fois de leur dynamisme et de la diversité de leurs engagements. Actions syndicales comme la participation à la manifestation à Dijon en avril 2021, convivialité et communication avec une belle campagne d’affichage, ainsi que lors de la finale des labours, la finale de pointage, l'appui à l’organisation de la FaMEUH'se journée préparée par les étudiants en BTS-PA de Vesoul Agrocampus… sans oublier de remotiver des troupes parfois démobilisées par deux années de contraintes sanitaires ! « L’organisation de la FRL à Vallerois-le-Bois en 2022, avec 35 JA du canton volontaires et impliqués va tous nous booster ! » a lancé la présidente Justine Grangeot dans son rapport moral. Elle s’est aussi félicitée de l’investissement des JA dans la recherche de pratiques agronomiques innovantes, plus respectueuses de l’environnement, au sein du GIEE Alimen’Terre. Sans oublier d’évoquer un sujet central : « Je suis inquiète de voir que le nombre d’éleveurs baisse très fortement. Nous devons relever le défi du renouvellement des générations ! »
Le soutien à l’installation en question
Une table-ronde sur le thème des aides à l’installation était justement organisée. Elle réunissait Laetitia Fayard, conseillère installation à la CA70, François-Etienne Mercier vice-président des JA nationaux en charge du dossier installation transmission et Christian Morel, agriculteur à Saône et vice-président de la Région BFC. Le transfert des compétences de l’Etat à la Région dans ce domaine de la modulation de ces aides n’est pas sans soulever quelques inquiétudes du côté des JA, qui s’alarment d’une baisse annoncée de 24% du montant de la DJA (dotation aux jeunes agriculteurs). « La DJA, c’est un étendard, elle est emblématique du soutien accordé à l’installation ! » a martelé François-Etienne Mercier. Christian Morel a néanmoins rappelé que la DJA n’était pas le seul soutien octroyé aux JA, qui bénéficient par exemple de meilleurs taux de subvention de leurs investissements. « C’est quand même le revenu qui est le moteur des installations : dans le Doubs on est quasiment à une installation pour un départ en retraite, tandis que dans la Nièvre c’est 1 pour 3 ! Les JA seront toujours les plus aidés à l’investissement, avec des taux supérieurs, et quand on fait une simulation chiffrée, on voit que ça couvre plusieurs fois la baisse de la DJA ! »
Le boom des installations en 2021 a été illustré par les chiffres de Laetitia Fayard. « 210 porteurs de projet ont été accueillis contre 61 en 2020 : ça se maintient en lait, et la diversification ainsi que les circuits courts sont en forte hausse. Nous avons eu 55 installations contre 37 en moyenne ces cinq dernières années, dont 50% en bovins lait 14,5 VA. On note l’augmentation d’installation en maraîchage, horticulture, escargots, plantes aromatiques et médicinales… Les installations hors cadre familial ont dépassé 45%. 69% sont sous forme sociétaires et 30% en agriculture biologique. »
Une pyramide des âges préoccupante
Le manque de visibilité sur les montants des aides octroyés, le suivi des dossiers d’installation et les critères d’éligibilité aux aides, dans ce contexte de transfert des compétences de l’Etat aux Régions a été pointé. D’autant qu’il survient à l’aube d’une vague massive de départs en retraites. « 50% des éleveurs actuels ont plus de 50 ans » relève Justine Grangeot. Et l’évolution des profils des candidats à l’installation, de plus en plus exogènes, pose aussi de nouveaux défis en termes de formation, d’accompagnement, de professionnalisation. Autant de chantiers qui stimulent l’enthousiasme des JA… conscients de l’importance stratégique que revêt leur première mission : nourrir les hommes.