La guerre n’est pas bonne pour les affaires – sauf celles des marchands d’armes. Pour la coopérative laitière Pâturages comtois, à Aboncourt-Gésincourt, le déclenchement du conflit russo-ukrainien se traduit par la perte d’un débouché commercial. « Notre fromagerie est tournée vers l’export : 70% de nos fromages que nous produisons sont expédiés à l’International » expose Guy Mercier, le président de la coopérative. Dans l’éventail des destinations, l’Ukraine ne représente qu’une part modeste des tonnages exportés, de l’ordre de 10%, avec des variations saisonnières », poursuit-il. Rien vers la Russie, sous embargo des produits alimentaires de la part de l’UE depuis… 2014 ! « Depuis l’invasion russe, les expéditions sont suspendues vers l’Ukraine. Ça représentait un semi-remorque par semaine. La désorganisation est telle que le dernier chauffeur venu à Aboncourt s’est retrouvé sans instructions de sa base commerciale. Nous nous apprêtions à l’aider à trouver un vol pour la Pologne quand il a été contacté par une association vésulienne pour l’amitié franco-ukrainienne. Du coup il va repartir avec son semi-remorque chargé de denrées alimentaires destinés aux réfugiés ukrainiens en Pologne. »
La coopérative haut-saônoise dispose de plusieurs leviers d’ajustement pour s’adapter à ce tarissement brutal des affaires avec l’Ukraine. Ressort déjà mis en œuvre lors de la crise sanitaire, qui avait vu l’arrêt du fret routier international pendant plusieurs mois. « Nous allons faire du metton surgelé, et à terme, trouver des débouchés alternatifs pour nos fromages », rassure Guy Mercier.