Faire appel à une entreprise de travaux agricoles est une tendance en constante augmentation. Les motivations sont diverses. Elles traduisent un changement de mentalité mais aussi des arbitrages entre investissements matériels et recours à des prestataires. Chez nous aussi, cette tendance ce confirme.
« De plus en plus d’exploitations agricoles ont recours au travail à façon, c’est-à-dire à des prestataires de services extérieurs pour réaliser tout ou partir de leurs travaux... » Ce constat, c’est le sociologue François Purseigle qui le dressait, le 17 décembre dernier, lors d’une conférence de presse.
Indéniablement, les Eta ont aujourd’hui le vent en poupe. Cela se vérifie aussi dans notre région.
Une demande qui évolue dans sa nature
Si les entrepreneurs régionaux interrogés dans cet article ne notent pas une explosion de la demande, celle-ci reste très forte, et évolue aussi dans sa nature. Traduction d’une évolution du rapport à leur travail pour beaucoup d’agriculteurs, le recours aux Eta reflètent aussi le poids des attentes sociétales sur l’agriculture. C’est notamment ce que confirme Michel Meuriot.
Implanté en Côte-d’Or, à Chailly-sur-Armançon et adhérent à la Fédération nationale entrepreneurs des territoires (FNEDT), il réalise tous types de travaux agricoles, du semis à la récolte, dans le secteur géographique de Pouilly-en-Auxois et emploie six salariés, dont cinq à temps plein et une employée administrative à mi-temps. Il constate l’évolution des demandes qu’on lui fait. « En ce qui me concerne, je n’ai pas remarqué une activité beaucoup plus importante qu’habituellement ces dernières années, mais j’ai une clientèle d’habitués, pour lesquels je réalise des travaux de récolte et, plus ponctuellement, d’autres travaux lorsqu’ils sont confrontés à une panne mécanique ou des impératifs météorologiques. Il y a des évolutions dans les tâches qu’on nous réclame. Certaines sont des incontournables, comme les récoltes (moisson, ensilage). Je note quand même des sollicitations un peu nouvelles, notamment dans les semis de céréales. Je dispose d’un matériel qui me permet de semer trois types de céréales en même temps, ou des couverts végétaux, ou de faire de l’apport d’engrais localisé sur la ligne de semis. Cela me fournit une polyvalence qu’on me demande de plus en plus. » Aux yeux de cet entrepreneur, c’est d’abord cette attente de polyvalence qui devrait s’imposer à l’avenir dans son métier.
Comparaisons de coûts
A Saulieu, Johan Rose est associé, avec son frère Yann, au sein d’une Eta fondée il y a quatre ans à la suite de la reprise d’une entreprise basée à Autun, en Saône-et-Loire. Pour cette jeune structure, l’augmentation des sollicitations est forcément une bonne nouvelle : « Parmi tous les travaux que nous réalisons, l’épandage de fumier prend une part très importante. Nous faisons également pas mal de pressage en bottes rondes, un peu de semis, mais cette dernière activité est plus aléatoire en quantité. Certaines années, on en fait beaucoup. Et puis il y a les moissons évidemment, mais avec le parcellaire très morcelé qu’on a ici, ça réclame beaucoup d’organisation pour les plannings. » La clientèle répond présente ici aussi et le jeune entrepreneur constate qu’il gagne des clients.
Depuis quatre ans, l’activité de l’Eta Rose n’a cessé d’augmenter, du fait aussi que l’entreprise se développe sur plusieurs secteurs d’activité. « On s’est développés sur le transport de paille où il y a un boulot impressionnant, et puis aussi sur le transport de sapins. De manière générale, il y a quelques clients pour lesquels ont fait énormément de travaux et beaucoup d’autres pour lesquelles les tâches sont plus ponctuelles. On voit quelques agriculteurs qui font tout faire par des Eta. C’est assez nouveau. »