De plus en plus grands, construits à l'écart des villages, les bâtiments agricoles sont trop souvent la proie des flammes. Face aux enjeux économiques et humains de la sécurité incendie, plusieurs pistes de travail ont été évoquées par les acteurs de ce dossier, à l'occasion d'une table-ronde dans le cadre du Festival de l'élevage.
Deux récents incendies de hangars agricoles en Haute-Saône soulignaient l'importance du sujet choisi pour la table-ronde organisée dans le cadre du festival de l'élevage : « les risques incendie en milieu agricole ». L'occasion d'aborder dans un premier temps la question des pratiques à risques. Comme l'a souligné Thierry Chalmin, président de la Chambre d'agriculture « Les conditions de récolte des fourrages sont déterminantes. L'année dernière on a eu une météo très pluvieuse... il y a aussi le problème des bottes récoltées en bordure de bois (la forêt couvre 46% de la superficie du département et n'est donc jamais très loin...), plus humides. Il faut inciter les agriculteurs à séparer les bottes à risques. » L'emploi de sondes connectées permet de surveiller l'évolution de la température, aussi bien dans la paille que le foin ou le regain. « A 50°C, l'agriculteur peut intervenir en sortant le fourrage, à 70°C il faut alerter les pompier car le déplacement du tas peut provoquer un appel d'air et déclencher l'incendie. », prévient Philippe Thibault, de Groupama.
La vigilance vis-à-vis des incendies volontaires est aussi de mise. Même si, comme l'a souligné le lieutenant-colonel Conraux, qui représentait la gendarmerie, les actes de malveillance ne représentent qu'une infime partie des causes de sinistres... Mais l'isolement des bâtiments les rend néanmoins vulnérables, aux vols comme aux incendies volontaires. « Il existe aujourd'hui des solutions simples, comme les pièges photographiques utilisés par les chasseurs, qui permettent de surveiller un hangar en bout de chemin et vous transmettent sur votre téléphone les photos prises en cas d'intrusion : cela facilite aussi les investigations et la recherche criminelle, souvent très compliquée. » Il a appelé les agriculteurs à ne pas hésiter à appeler le 17, en cas de présence d'un véhicule suspect ou autre. « Par votre activité à l'extérieur et votre présence en journée, à des horaires où la plupart des gens travaillent, vous êtes de bonnes sentinelles. »
Agriculteurs et pompiers volontaires
Les services départementaux d'incendie et secours voudraient aussi pouvoir davantage s'appuyer sur des agriculteurs pompiers volontaires, car comme l'a souligné Edvige Erne, 1ère vice-présidente du Conseil départemental « les agriculteurs, au sein d'une équipe de pompiers volontaires, facilitent les interventions dans les exploitations agricoles en cas d'incendie, car ils sont capables de démarrer les engins pour les déplacer si nécessaire, il savent aussi conduire le bétail pour évacuer un bâtiment... » Deux agriculteurs pompiers volontaires témoignaient justement de leur engagement comme "soldats du feu". Le lieutenant Pascal Maurice, exploitant en Gaec dans le secteur de Pesmes reconnaît que « ça prend du temps sur le temps libre, mais l'avantage de notre métier, c'est d'être présent sur le territoire quasiment 24h/24, tandis que les autres actifs sont pour la plupart à Dijon ou Besançon pour leur travail. » Le sergent-chef Fabien Crottet est pour sa part associé avec ses parents, du côté de Champlitte. « Le fait de ne pas être seul sur la ferme me rend plus disponible en journée pour les éventuelles interventions, selon les périodes de travaux agricoles bien sûr. »
Les services de remplacement faciliteront l'engagement des agriculteurs et salariés agricoles
A l'issue de cette table-ronde, Laurent Ducret, président des Services de remplacement du département, a signé avec les représentants du SDIS une déclaration d'intention. Celle-ci formalise l'engagement des Services de remplacement dans le dispositif, pour faciliter la formation des agriculteurs et salariés agricoles pompiers volontaires (il faut compter une formation initiale de 22 jours pour apprendre à utiliser le matériel et les procédures d'intervention). Comme l'a bien synthétisé le colonel Helleu « la sécurité incendie des exploitations ne peut reposer que sur le partenariat étroit entre les agriculteurs eux-mêmes (avec des réserves d'eau incendie proportionnées à la taille des bâtiments), la commune, et bien entendu le SDIS. »