L’AG de la SDAE s’est tenue ce jeudi 13 avril à Scey-sur-Saône. Les anciens sont venus en force pour faire le point des grands moments de l’année écoulée. Le président Guy Ciron a détaillé les actions en cours pour le soutien du pouvoir d’achat des retraités, sur le sujet de la santé, et celui du « bien-vivre ». Deux interventions sont venues ouvrir les horizons sur l’agriculture des pays du Sud, à Madagascar et au Togo.
La cohésion des anciens exploitants s’est encore avérée cette année : comme l’ont fait remarquer plusieurs intervenants, l’assemblée était nombreuse, avec 120 participants. C’est sans doute un retour à la situation « normale », mais c’est aussi un signe du dynamisme de la section qui sait mobiliser sur les sujets qui intéressent ; les 8 réunions d’hiver avaient elles aussi réuni à chaque fois entre 35 et 50 personnes.
Les acquis et les combats à venir
Et le premier sujet, bien entendu, c’est le « pouvoir d’achat » que le président Guy Ciron a évoqué en introduction : « Le pouvoir d’achat est en baisse. Certes les réformes Chassaigne ont permis de remonter les retraites les plus faibles à 85 % du Smic pour les chefs d’exploitation et à 75 % pour les conjoints. Mais le combat futur est d’obtenir 85 % pour tous. » Le calcul des retraites sur les 25 meilleures années est aussi une avancée importante permise par le travail de la section des Anciens. Autres leviers cruciaux et qui continuent de faire partie des argumentaires syndicaux actuels : « La demi-part fiscale pour les veufs et les veuves » et « la bonification pour le 3e enfant ».
Le président a également évoqué les « échéances de la Saint Martin », comprendre les fermages, qui « subissent une fiscalité différente des autres revenus du patrimoine ». C’est « le fruit d’un accord national que nous ne remettons pas en cause, nous souvenant de notre vie active. » Mais la fiscalité pèse sur ces revenus du patrimoine.
Sur le sujet de la santé, c’est le thème des inégalités territoriales que Guy Ciron a évoqué : « On sait qu’en cas d’AVC, au fin fond de la campagne on a moins de chances d’être sauvé qu’en plein Paris... » Tous ces éléments ont été repris dans une motion nationale lue et proposée à l’assemblée par Mme Coudry.
Retour vers le passé
Emmanuel Aebischer, président de la FDSEA, a rebondi sur ces constats : « Le prix du lait aujourd’hui n’est sûrement pas plus élevé qu’il y a 30 ans », a-t-il commencé. Un retour vers le passé que les actifs aiment à rappeler, pour montrer la baisse du pouvoir d’achat des agriculteurs. Vérification : pour la campagne 1992-1993, le prix de base du lait était de 1,91 F/L, soit en euros constants (corrigé de l’inflation) 465 €/1000 L. C’est plus que le prix moyen du lait toutes primes confondues en 2022. Dans le même temps, le Smic horaire est passé de 8,30 € à 11 € (euros constants 2023).
Alors quelles solutions pour les actifs ? Les Anciens ont permis de développer « une des agricultures au monde offrant la meilleure garantie sanitaire pour l’alimentation de nos contemporains, a souligné M. Aebischer. Va-t-elle finir comme la métallurgie, faute de considération pour ceux qui nourrissent ? »
Le directeur des territoires Didier Chapuis a rebondi sur ce constat en demandant « des pistes pour l’agriculture de demain » : « Dans le pacte d’orientation agricole, il y a ce que les autorités veulent pour le monde agricole. Mais nous attendons aussi ce que vous voulez faire. » Car les jeunes « n’ont pas les mêmes ambitions, et ne sont pas prêts à accepter les mêmes contraintes que ce que vous, les anciens, avez accepté. »
Et dans l’équation, il faut aussi inclure « ce que la société elle-même est prête à accepter » : La France, illustre-t-il, « importe 50 % de la volaille qu’elle consomme, et pourtant si un projet d’installation voit le jour, il risque fort de subir une levée de boucliers. »
Côté proximité et besoins des seniors, le DDT a souligné l’implication de l’État dans « l’agenda rural » piloté avec l’association des maires ruraux, dans les maisons « France Service » qui ont vocation à faire le pendant du tout-internet, ou encore dans le projet des « Petites villes de demain » où les personnes âgées de plus de 75 ans représentent 13,5 % de la population (contre 9 % France entière).
Enfin, sur la rénovation des bâtiments, l’isolation, et l’adaptation des logements au vieillissement, le représentant de l’État a conseillé aux adhérents de la SDAE de contacter l’Adera à Gourgeon (rénovation) ou l’Adil à Vesoul.
Ouverture sur le monde
Deux interventions sont venues ouvrir les débats au loin des horizons haut-saônois, vers les pays du Sud. Michel Renevier, d’abord, a présenté le travail d’Afdi qu’il préside (Agriculteurs français et développement international) et plus particulièrement de ses adhérents en BFC. Créée en 1981 après les sécheresses très médiatisées dans le Sahel, Afdi se décline en associations régionales qui portent chacune des projets de coopération avec les pays du Sud. En Haute-Saône, les partenariats ont été très suivis avec la coopérative laitière Rofama de Madagascar, et plus récemment avec un site de transformation de cacao au Cameroun. Un partenariat pourrait se nouer avec le Togo.
Le Togo, c’était justement la destination de Louis de Dinechin, salarié de la FDPL et volontaire pendant 2 ans à Sokodé pour l’ONG catholique Fidesco. Il a témoigné de cette mission comme chef d’exploitation agricole avec cette question encore irrésolue : l’agriculture française de ces 60 dernières années a permis de sécuriser considérablement (quantité et qualité) l’alimentation ; quelles formules utilisées en France pourraient servir aux agriculteurs africains pour parvenir, là-bas aussi, à sécuriser l’alimentation d’un continent en croissance ? Matériel ? Structures coopératives ? Filières et débouchés ? Formations ? Énergie bon marché ? Sans doute un peu de tout cela, qui nous a permis, en France, d’oublier (un peu vite) que « se nourrir » ne coule pas toujours de source.
La réunion s’est terminée par un apéritif offert par Carmen Friquet, élue du département, et un repas convivial.