La bonne adéquation des apports alimentaires et des besoins de la vache tarie sont primordiaux pour favoriser le bon démarrage de la lactation suivante, tout en prévenant de nombreux troubles de santé liés au vêlage. Equilibre énergétique et azoté, bien sûr, mais aussi apports minéraux et vitaminés bien ajustés.
Les récentes avancées dans le domaine de l’épigénétique confortent l’appréciation du rôle déterminant de la période de tarissement dans l’expression du potentiel génétique de production. Aussi le rationnement des vaches durant la période sèche requiert autant de rigueur que celui du troupeau en lactation : cela permet d’une part d’éviter les maladies métaboliques autour du vêlage (rétention placentaire, métrite, fière de lait…), mais surtout de favoriser la production future et la reproduction.
Le tarissement permet le repos physiologique de la mamelle. Cette régénération de la glande mammaire permettra la production d’un colostrum riche en immunoglobulines suivi d’une lactation. La reconstitution du tissu sécrétoire mammaire requiert au moins cinq semaines d’arrêt de production. C’est indispensable pour optimiser le potentiel laitier de la lactation suivante. Attention aux stress pendant cette période, qui peuvent engendrer une perte de production pouvant aller jusqu’à cinq litres en début de lactation.
Repos physiologique de la mamelle
Sur le plan nutritionnel, il est impératif de préserver le volume du rumen, grâce à la distribution de fourrages grossiers à volonté. Il est tout aussi fondamental de préserver la taille des papilles pendant le tarissement pour valoriser les rations de début de lactation mais aussi pour prévenir l’acidose. Il faut donc, en plus du foin, distribuer un peu d’ensilage maïs et/ou concentrés et/ou herbe jeune qui apporteront cet amidon peu présent dans le foin (riche en cellulose).
Le rationnement pendant la période sèche comprend classiquement deux phases : une période de repos et l’autre de préparation au vêlage. Pendant la première, il suffit de couvrir l’entretien et les besoins de gestation. Théoriquement cette période dure environ cinq semaines et ne doit pas être utilisée pour remettre les animaux en bon état corporel. Une vache laitière devrait arriver en fin de lactation avec une note d’état d’engraissement comprise entre 3,5 et 4, mais jamais 5. Pendant cette période de repos des vaches laitières la priorité alimentaire est donnée à la fibre (cellulose) pour redonner de la motricité au rumen. Les équilibres UFL / PDI doivent être respectés mais surtout sans aucun excès.
Ménager une transition alimentaire
Le tarissement durant huit semaines, il en reste trois pour préparer la future lactation. Le vêlage provoque un stress important. De plus la flore microbienne du rumen a une certaine inertie et rapidement les besoins alimentaires sont importants, tandis que l’involution de l’utérus pénalise la capacité d’ingestion. Pour satisfaire les besoins, l’ingestion doit rapidement doubler. Si rien n’a été prévu, des risques métaboliques importants peuvent survenir : l’acétonémie, l’acidose, les fièvres vitulaires, le retournement de la caillette, etc…
Trois semaines avant la date présumée du vêlage, il faut donc revoir complètement l’alimentation de ces vaches taries pour préparer la flore du rumen aux fourrages et concentrés à venir. C’est d’autant plus nécessaire quand l’alimentation des vaches taries et des laitières en production diffère fortement. Comme par exemple, en été, quand les laitières sont à l’ensilage et les taries en pâture : dans ce cas une véritable transition progressive s’impose, avec une distribution modérée de concentré en complément de la ration de base.