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Booster les défenses immunitaires de son cheptel

En plus du sel, la pierre à lécher apporte du sélénium et de l’iode aux génisses, ce qui contribue à leur bonne fertilité, mais aussi à renforcer leur immunité. Crédit photo : A.Coronel
En plus du sel, la pierre à lécher apporte du sélénium et de l’iode aux génisses, ce qui contribue à leur bonne fertilité, mais aussi à renforcer leur immunité. Crédit photo : A.Coronel

Dans un contexte de circulation virale élevée, une complémentation minéro-vitaminique adaptée peut faire la différence. Focus sur ces alliés discrets mais essentiels de l’immunité animale.

La fièvre catarrhale ovine (FCO) et l’épizootie émergente de maladie hémorragique épizootique (MHE) mettent à rude épreuve les défenses immunitaires des ruminants. Si la vaccination reste une arme précieuse - pour peu que les vaccins soient effectivement disponibles - la robustesse du métabolisme animal joue un rôle déterminant dans la réponse à l’infection. En complément d’une conduite d’élevage rigoureuse, la supplémentation en vitamines et oligoéléments constitue un levier à ne pas négliger.

Des conséquences très variables selon les élevages

L’été 2024 a été marqué par une double offensive virale inédite : le sérotype 3 de la FCO, introduit par le Nord, et un nouveau sérotype 8, plus virulent, arrivé du Sud. Leur circulation simultanée a lourdement impacté les troupeaux français, avec des taux de mortalité chez les bovins allant de 0 à 50 % selon les données des GDS, analysées dans une étude d’impact sanitaire de la FCO parue en janvier dernier. Ces écarts inter-élevages interpellent. En dehors de la vaccination, la conduite alimentaire et sanitaire, incluant la complémentation minérale et vitaminique, peut expliquer en partie cette variabilité.

Aujourd’hui, les éleveurs sont aussi confrontés à une recrudescence des mortalités néonatales, conséquences différées de la vague infectieuse de l’automne dernier. Par ailleurs, la MHE, jusque-là cantonnée à d'autres régions, est attendue dans notre zone dans les mois à venir. Cette situation impose d’anticiper, en consolidant dès maintenant les défenses immunitaires des animaux.

Minéraux et vitamines : de précieux soutiens

Le rôle des minéraux dans l’immunité est désormais bien établi. Le calcium, par exemple, agit sur la mobilité des neutrophiles, cellules clés de l’immunité innée. Une calcémie déficiente favorise les pathologies post-vêlage comme les mammites ou métrites. Le zinc, de son côté, participe à la synthèse des lymphocytes B et T (immunité acquise), tout en stimulant l’activité des neutrophiles. Le sélénium, l’iode ou encore le manganèse complètent ce tableau d’oligoéléments indispensables.

Côté vitamines, les A, D, E et C jouent chacune un rôle spécifique dans la modulation des défenses. La vitamine E, par exemple, protège les membranes cellulaires du stress oxydatif et agit en synergie avec le sélénium. La vitamine A, quant à elle, soutient l’intégrité des muqueuses, première barrière contre les agents infectieux.

Identifier et corriger les carences

La majorité des fourrages français présente un déficit chronique en oligoéléments, notamment en période de pâturage. Le niveau de performance élevé des vaches laitières accentue ce déséquilibre. Les signes de carences peuvent être discrets : baisse de production, fertilité perturbée, taux de cellules élevé, retard de croissance ou maladies récidivantes. Une analyse de ration ou des prélèvements sanguins ciblés permettent de poser un diagnostic précis.

Les animaux ne stockant pas ou très peu ces nutriments essentiels – mis à part le calcium - un apport régulier est nécessaire. Plusieurs formes existent : minéraux incorporés à la ration, solutions liquides dans l’eau de boisson, seaux à lécher, bolus à effet retard ou flash. Le choix dépendra du mode de conduite du troupeau, de l’objectif visé (préparation au vêlage, soutien immunitaire, croissance…) et des contraintes pratiques.

Au-delà de la complémentation, il est important de veiller à l’ambiance générale de l’élevage : limiter les stress thermiques, assurer un abreuvement en quantité et qualité, adapter les transitions alimentaires… Autant de paramètres qui influencent aussi la résistance aux maladies infectieuses.

Se préparer à l’été 2025

Si l’hiver a pu apaiser temporairement la situation, les virus sont toujours là. En prévision d’un été 2025 potentiellement à haut risque, renforcer dès à présent les bases sanitaires du troupeau est un investissement rentable. Une complémentation minéro-vitaminique bien pensée ne remplace pas les vaccins ni une bonne gestion de l’élevage, mais elle en est un socle essentiel.