Les conséquences de la météo froide et humide de l’été se traduisent cet automne par des performances laitières un peu en retrait. Les explications sont multiples : foins de qualité moyenne, pression parasitaire... sans parler du coût élevé des aliments !
Cette année, les précipitations n’ont pas limité la pousse de l’herbe, y compris à l’automne… ce sont plutôt le froid et le faible ensoleillement qui ont sonné le glas de la saison de pâturage, du moins pour les laitières. En plaine, les vaches allaitantes et les génisses sont encore très largement en pâture, profitant de valeurs nutritives de l’herbe très correctes. Cette rentrée automnale est toujours une phase délicate pour les vaches laitières en production avec une modification importante de l’environnement des vaches, confinement et changement d’ambiance sanitaire : « de plus les conditions humides de la saison de pâturage étaient propices au parasitisme », rappelle Florine Leuvrey, de Conseil Elevage. « En plus du changement de régime alimentaire, les modifications de l’environnement y sont parfois très importantes, en particulier si les vaches sont hivernées en stabulation entravée. Lorsque la rentrée à l’étable est brutale, comme c’est souvent le cas en régions d’altitude, elle peut s’accompagner d’une diminution de la production laitière et d’une chute des taux de matières grasses et de protéines », explique Jean-Baptiste Coulon, de l’Inra de Tours. « Nous avons ainsi observé pendant cinq années consécutives chez des animaux en fin de lactation, que la rentrée à l’étable entraînait une chute anormale de la production journalière (de près de 2 kg), qui n’a pas été compensée par la suite. Ces problèmes peuvent être encore accrus chez les vaches ayant un haut niveau de production à la rentrée à l’étable, même lorsque celle-ci s’accompagne d’une transition alimentaire et environnementale. »
Soigner l’ambiance
La qualité du logement qui accueillera le troupeau mérite d’être préparée à l’avance par des mesures simples : nettoyage, paillage, aération… voire en cas de problèmes de gales, traitement acaricide et vide sanitaire (voir ci-contre). D’après les études conduites par l’Institut de l’élevage, un des principaux facteurs de risques des mammites dites « d’environnement » correspond au niveau de contaminations des litières par certains germes comme les coliformes et les streptocoques. Un paillage insuffisant peut multiplier les risques de mammite par deux ou trois ! L’hygiène de couchage est donc un facteur clef de la qualité du lait, comme l’ont montré plusieurs études scientifiques. Il faudra donc utiliser de la paille de bonne qualité, pailler régulièrement et en quantité suffisante (6 kg de paille par jour et par vache). Pour se multiplier, ces différentes bactéries ont besoin d’air, de températures optimales (37° à 40°C) et d’humidité. Ces conditions se retrouvent fréquemment dans les aires paillées des stabulations et sont favorisées par un paillage accru ou des durées d’accumulation des litières trop importantes. En théorie, pour contenir le niveau de contamination, il faut maintenir la température à des valeurs inférieures à 30°C en surface des litières, soit 40°C à 10 cm de profondeur. Un simple thermomètre à sonde permet de mesurer ces données et d’optimiser ainsi les apports de paille et la fréquence du curage. Le saupoudrage avec du superphosphate permet également de réduire la charge bactérienne de la litière.
De bons maïs, mais des foins assez moyens
Dans de nombreux troupeaux laitiers, cette période coïncide aussi avec les débuts de la lactation, où les besoins des animaux sont maximaux, et leur capacité d’ingestion réduite. Or La campagne fourragère 2021 a été globalement favorable aux volumes d’herbe, mais pas forcément à sa qualité. La qualité des maïs ensilages réalisés cette année est plutôt bonne, si l’on en croit les résultats des analyses déjà réalisées par Conseil élevage. « Sur 35 échantillons, on a une moyenne de 32,3% de matière sèche, à 290 d’amidon, et 0,9 UF : ce sont de bonnes valeurs », précise Florine Leuvrey. La qualité des foins et des enrubannées, en revanche, est un peu en retrait. « Les fenêtres météos disponibles pour aller chercher la qualité, c’est-à-dire faucher au stade optimal, ont été plutôt rares », poursuit la responsable technique. « De plus, le pâturage en conditions humides a pu se traduire par davantage de problèmes de boiteries qu’en année normale, ce qui pénalise aussi l’ingestion… » Autant de facteurs qui peuvent expliquer, par leur conjonction, des performances laitières un peu en retrait par rapport à l’automne dernier. « On est sur une moyenne de 22 kg de lait/jour contre 23 l’an dernier, mais tous les élevages ne sont pas impactés de la même manière. » Enfin, dernier paramètre en jeu, le prix élevé des correcteurs azotés et énergétiques, qui incite peut-être certains éleveurs à limiter les quantités distribuées, quitte à brider un peu l’expression du potentiel laitier, pour des raisons économiques.