L’épandage d’effluents a été identifié comme un des leviers majeurs pour limiter l’impact de l’agriculture sur l’environnement. Les épandeurs à buse simple ou rampe multibuse, encore largement répandus, seront bientôt remplacés par des matériels capables de réduire les pertes d’azote amoniacal par volatilisation.
Selon le rapport PREPA (Plan National de Réduction des Emissions de polluants Atmosphériques) datant de 2017, l’agriculture est responsable de 94 % des émissions françaises d’ammoniac (NH3). Un plan d’action adopté en janvier dernier se fixe pour objectif de diminuer ces émissions de 13 % d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 2005.
Au sein de l’élevage, l’épandage d’effluents représente le deuxième poste d’émissions d’ammoniac (30 à 40 % des émissions totales) après le bâtiment et l’alimentation. Mais devant le stockage des effluents. C’est donc un levier majeur. Cet objectif pointe clairement les faibles performances de l’épandage à buse simple ou rampe multibuses, majoritairement utilisées.
Interdiction des buses simples et rampes multibuses d’ici 2025
L’enfouissement rapide des effluents après épandage constituerait une alternative puisqu’une incorporation dans les 12 heures permettrait déjà de réduire de 50 % les émissions d’ammoniac. Mais cette approche est plus gourmande en termes de main d’œuvre car elle nécessite deux passages rapprochés dans des créneaux horaires pas toujours disponibles. Pour pallier ce problème, plusieurs solutions techniques sont disponibles face à cette problématique.
La rampe pendillard est un équipement idéal pour épandre sur des cultures en place comme les céréales ou le maïs et permet, grâce à un apport au plus près des besoins de la culture, une valorisation optimale des effluents épandus. Toutefois, son encombrement peut être pénalisant en terrains accidentés. La volatilisation ammoniacale est ici réduite à des niveaux de 15 à 40 %.
Pendillards, enfouisseurs à dents et enfouisseurs à disques
Utilisable uniquement sur les chaumes en raison d’un effet déchaumage du sol, le système d’enfouisseur à dent offre l’avantage d’être celui qui présente les émissions ammoniacales les plus faibles. Néanmoins, la combinaison épandage et déchaumage nécessite un besoin en traction très important qui limite la largeur de travail disponible. On parle ici de pertes de 5 %, voire mêmes nulles.
Dans le cas des rampes à patins, l’application du lisier se fait sur les premiers centimètres du sol au sein d’un sillon formé dans le sol par le patin, pour un usage exclusif sur prairie. Les largeurs des rampes à patins sont en général de l’ordre de 12 à 15, voire 18m et peuvent monter jusqu’à 30 m chez certains constructeurs. L’effort de traction pour ce type de système est faible, mais le suivi du sol doit être constant puisque chaque patin doit être en contact du sol. Pour ce faire, certains constructeurs optent pour des roues de jauge et/ou un correcteur de dévers. Les pertes sont ici de l’ordre de 30 %.
Besoins de puissance des équipements
Des essais ont montré que l’enfouissement à 3-4 cm de profondeur avec des équipements adéquats ne demande pas plus de puissance qu’un système buse palette à vitesse et largeur d’épandage égales. Un passage de 8 à 11 km/h entraine un besoin en puissance spécifique pour un injecteur à disques « prairie » de 6 m de 30 à 70 cv ! Et de 35 à 80 cv pour un injecteur à disques « cultures » de 4 m.
Un épandage sur une largeur de 4 m avec un enfouisseur entraine une consommation supérieure en GNR de 3 l/ha à comparer à un épandage à buse simple sur une largeur de 6 m. Cependant, aucun outil ne permet d’incorporer du lisier pour une consommation qui n’excède pas les 3 l de différence. Par ailleurs, il faut noter que c’est aussi et surtout l’asservissement hydraulique qui mobilise de la puissance, notamment le broyeur-répartiteur et son fort besoin en débit hydraulique.