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Ensilage d'herbe : le coup d'envoi est proche

Un ensilage d'herbe réussi permet de substancielles économies de concentré. Crédit photo : AC
Un ensilage d'herbe réussi permet de substancielles économies de concentré. Crédit photo : AC

En termes de stade végétatif du fourrage, l’année 2024 est dans la moyenne sur la moitié Est de la France. Les espèces comme les RGI ont déjà démarré leur montaison dans les zones précoces et seront à récolter dès que les conditions le permettront, si l’objectif est de nourrir des animaux à forts besoins.

L’hiver 2023-2024 aura été plus doux que la normale (+1 à 3°C selon le secteur et le mois), mais surtout extrêmement humide, en particulier en février. A l’arrivée du printemps, les hauteurs sur pied sont parfois importantes et la portance des sols n’est pas encore au rendez-vous. Entre une récolte précoce et tardive, le différentiel de rendement sera d’environ 1,5 à 2 t MS/ha. Ce choix impactera fortement la valeur alimentaire et la capacité à faire une deuxième coupe avant l’arrivée de l’été. Plus la fauche sera tardive, plus les conditions de repousse seront susceptibles d’être sèches et chaudes.

Pour les parcelles de pâturage qui n’ont pas pu être déprimées et dont la hauteur sur pied est importante, il peut être intéressant de les inclure dans des chantiers d’ensilage précoce, afin de limiter le gaspillage qu’un pâturage pourrait causer et de les réintégrer dès le second cycle au circuit de pâturage.

Le début de l'épiaison : un stade charnière

Le début de l'épiaison représente un stade charnière pour la valeur alimentaire de l’herbe. Au printemps, une prairie peut cumuler plus de 60 kg MS/ha chaque jour. Face à ce cumul de biomasse, la valeur alimentaire diminue progressivement, puis nettement à partir du début de l’épiaison. Ainsi, selon les besoins des animaux qui consommeront le fourrage, il est important de déclencher la récolte au meilleur compromis entre rendement et valeur alimentaire. Pour des animaux à forts besoins (vaches laitières, jeunes bovins à l’engraissement), on visera une récolte entre le début de la montaison et avant le début d’épiaison des graminées. Pour des animaux aux besoins plus modérés (génisses de renouvellement, vaches allaitantes gestantes), il est possible de profiter davantage de la forte croissance des prairies sur cette période, quitte à perdre en valeur alimentaire (voir figure ci-dessous).Evolution de la teneur en énergie (UFL) et de la teneur en protéines (MAT) de graminées prairiales ensilées au cours du premier cycle en fonction du stade

L’anticipation d’une récolte d’herbe, tant sur la date que sur les moyens, est fondamentale. Il est important de prévoir les quantités potentiellement récoltées afin d’anticiper la place nécessaire pour le stockage. Selon les quantités distribuées à chaque période, le ou les silos doivent être confectionnés pour respecter un avancement minimum de 10 cm par jour (voire 20 cm/j en été).

Selon la marge de sécurité en stock fourrager en sortie d’hiver, il faudra trouver le bon compromis entre valeur alimentaire et rendement. Cet objectif de récolte sera adapté au contexte météo de la période : on visera un créneau de 48 à 72 h sans pluie. Une évapotranspiration (ETP) de 5 à 6 mm sur la durée du préfanage devrait suffire pour passer le seuil des 30 % de MS. En cas de sol humide, le fanage peut être ralentie. On visera une teneur en MS de 35 % sur graminées et 40 % sur légumineuses pour une récolte en ensilage.

Afin de faciliter le séchage, une fauche à une hauteur de 7-8 cm favorisera l’aération sous l’andain et limitera la reprise d’humidité par le contact avec le sol. En cas de présence d’un conditionneur à fléaux et d’un taux de légumineuses important dans la prairie, il faudra limiter l’agressivité du conditionneur afin de réduire au maximum les pertes de feuilles.

Enfin, dans le cas d’un fourrage humide ou avec une part importante de légumineuses, l’incorporation d’un conservateur peut être pertinent. Celui-ci peut aider à une stabilisation plus rapide du silo et limiter les phénomènes de protéolyse.