Les partenaires du projet SURVapi, l’Association de Développement de l’Apiculture en BFC et la Chambre d’Agriculture de Haute-Saône, ont ainsi fait le pari de la concertation entre agriculteurs et apiculteurs pour identifier des leviers d’action afin de proposer un environnement favorable aux abeilles.
Pour rappel, le projet SURVAPI constitue l’occasion de déterminer les liens entre agriculture et apiculture, de connaître la nature des résidus retrouvés dans les matrices apicoles, de faire évoluer éventuellement les pratiques d’utilisation des produits, de créer du lien entre les milieux agricoles et apicoles par la mise en œuvre d’une action en partenariat, concertée à l’échelle du territoire. Il a été lancé en 2018 avec deux années de suivi en 2019 et 2020.
Le 9 mars 2021, Covid oblige, les partenaires se sont réunis en visioconférence afin de partager les résultats du suivi.
Une surveillance sous protocole
En Haute-Saône, les apiculteurs transhument leurs colonies dans les Monts de Gy pour la miellée d’acacia, qui succède à la miellée de colza. Le suivi du rucher de dix colonies d’abeilles a eu lieu sur la période avril-mai.
En parallèle, un travail d’enquête est mené dans un rayon de butinage de 3 km. L’objectif est de recenser les pratiques dans l’environnement du rucher : assolement, ressources, pratiques d’utilisation des produits phytosanitaires.
Les pollens collectés proviennent de 21 espèces en 2020 contre 13 en 2019, printemps marqué par des mauvaises conditions climatiques. En avril-mai, les butineuses vont bien sûr sur le colza, ou dans les bosquets fleuris de prunus, aubépines, cornouillers, sureaux, mais aussi dans les arbres, tels que les hêtres, chênes, érables, marronniers, et dans les prés, sur les pissenlits, plantains, coquelicots, achillées et autres légumineuses…
Lorsque la floraison printanière est timide comme en 2019, les abeilles butinent majoritairement le colza. Certains apiculteurs s’inquiètent de la diminution des surfaces en colza en Bourgogne-Franche-Comté, et des conséquences sur le démarrage des prochaines saisons apicoles si le printemps n’est pas favorable à d’autres floraisons.
Si les abeilles ramènent bien du pollen de colza contenant les molécules fongicides appliquées sur les colzas environnants, les risques pour l’abeille dus à leur exposition sont très faibles. Deux traitements sur trois effectués sur le territoire pendant la période de suivi ne sont pas détectés dans les matrices apicoles.
Préserver les abeilles
Les échanges entre agriculteurs et apiculteurs identifient dans les bonnes pratiques à généraliser l’importance de traiter le colza le soir lorsque les abeilles sont rentrées au rucher, laissant la nuit pour faire retomber et absorber la pulvérisation. Au vu des analyses toxicologiques réalisées, il serait intéressant d’éviter la famille chimique des SDHI sur colza dont les certaines molécules concernaient les quantifications les plus élevées du suivi dans le pollen et sur les abeilles, et les insecticides à base d’esfenvalérate.
Agriculteurs et apiculteurs reconnaissent également l’intérêt de planter des haies avec des essences qui permettent de nourrir les abeilles. Des cultures en fleurs l’été, comme la luzerne et la silphie, seront également les bienvenues pour les apiculteurs et les abeilles qui souffrent aussi des sécheresses estivales, avec un manque de pollen disponible.
L’ADA BFC et la Chambre d’Agriculture de Haute-Saône souhaitent poursuivre leur partenariat vers des actions complémentaires au projet SURVAPI à partir de 2021, tels que des suivis expérimentaux sur culture de silphie et sur une nouvelle variété de colza tolérante à la maladie sclérotinia en partenariat avec la firme Corteva et le semencier Pionneer.