
Les températures chaudes de ce début septembre accélèrent sérieusement l’évolution de la matière sèche des maïs, qui progresse de 5 à 7 points en une semaine. La maturité du grain reste le repère de base en matière de prise de décision pour l’ensilage.
Choisir le bon moment pour récolter reste souvent une décision difficile tant les facteurs à prendre en compte sont nombreux. Pourtant, une mauvaise décision peut avoir de très lourdes conséquences sur les performances zootechniques et économiques des élevages. « Les remontées de terrain que nous avons font état d’une grande hétérogénéité des situations cette année : des parcelles semées fin mai ont parfois des retards de maturité allant jusqu’à 10 % de matière sèche, avec des valeurs qui n’atteignent que 20-22 de matière sèche actuellement, tandis que d’autres ont déjà dépassé les 30% de MS », note Marie-Christine Pioche, conseillère économie à la Chambre d’agriculture de Haute-Saône.
A-coups météorologiques
Les données météorologiques de l’année compliquent en effet un peu le calcul des dates de stade optimal de récolte pour les maïs. Aux semis compliqués par des mois de mars et avril très arrosés, a succédé une période de floraisons plus étalée que d’ordinaire, puis une relative fraîcheur en août, conjuguée aux précipitations abondantes propice au développement des épis… et enfin une vague de chaleur inédite en ce début septembre. Aussi Arvalis-Institut du Végétal a modifié plusieurs fois ses prévisions de date de récolte pour intégrer ce scénario climatique inédit à ses modèles de calcul. L’objectif est d’arriver à préciser quand est atteint le taux de 32-33 % de matière sèche (MS) plante entière, considéré comme optimal en termes de conservation du silo et valeur nutritionnelle de l’ensilage. La maturité du grain reste le repère de base, mais si la plante commence à se dessécher, comme c’est le cas dans certains secteurs, la MS totale avance plus rapidement que celle du grain. A 30-32% de MS plante entière, le grain de maïs contient déjà une part d’amidon vitreux de l’ordre de 30 à 50 % qui donne au grain son caractère dur (et nécessite d’être éclaté pour améliorer sa digestibilité). L’amidon est réparti grosso modo en trois tiers dans les grains des couronnes centrales des épis : amidons laiteux, pâteux et vitreux. Une grille d’observation est disponible sur le site web d’Arvalis. Récolter à moins de 30% MS, c'est limiter le rendement et risquer des pertes de sucres au silo par écoulement de jus. Récolter à plus de 35 % MS, c'est risquer d’altérer la qualité de conservation de l’ensilage et réduire la digestibilité des deux parties de la plante (amidon et tiges + feuilles). Dans les deux cas, la valeur énergétique du maïs fourrage n'est pas à l'optimum.
Vigilance vis-à-vis des gaz d’ensilage
Pour les ensilages réalisés au début de cette semaine, il y a des risques élevés de présence de nitrate dans les plantes et de production de gaz d’ensilage toxiques. Les risques d'excès de nitrate dans la plante sont maximaux durant les 5 à 7 jours suivant une pluie qui met fin à une période de sécheresse. Une fois en silo, la fermentation est susceptible de produire du dioxyde d’azote, un gaz plus lourd que l’air, très toxique, et à l’odeur caractéristique d’eau de Javel. Prudence donc autour des silos si des brumes brun-rouge apparaissent : ils sont toxiques et nécessitent d’attendre leur dissipation. Il est préférable de ne pas ensiler des fourrages à plus de 30°C, température peu favorable aux fermentations recherchées et aux bactéries lactiques…