En favorisant l’activité biologique et l’enrichissement en matière organique, l’agriculture de conservation rend au sol ses fonctions essentielles dans les cycles de l’eau, du carbone, de l’azote… Un atout précieux vis-à-vis des aléas climatiques et pour répondre aux enjeux environnementaux de préservation des ressources.
Le Gaec du Parge, à Aisey-et-Richecourt en Haute-Saône, ouvrait ses portes le 11 septembre dernier à l’initiative du groupe T-Sol, pour une journée découverte de l’agriculture de conservation. « Un petit groupe d’une quinzaine d’exploitations travaille sur cette thématique depuis quelques années, avec des rendez-vous mensuels pour se former et échanger, explorer de nouvelles pratiques et les adapter au contexte local », expose Emeric Courbet, technicien à la Chambre d’agriculture de Haute-Saône et animateur de ce groupe.
Laurent Parisot, un des associés du Gaec du Parge, s’intéresse depuis longtemps au fonctionnement du sol. « J’ai toujours senti, intuitivement, qu’il était aberrant de laisser un sol nu pendant plusieurs mois… ce qui m’a amené d’abord aux techniques culturales simplifiées, au semis direct, et depuis une petite dizaine d’années à l’agriculture de conservation des sols. », témoigne-t-il.
Les trois piliers de l’agriculture de conservation
Sur le papier, le concept est convaincant. Le maintien des résidus de culture en surface et l’implantation de couverts végétaux durant l’interculture vont subtilement remplacer des pratiques coûteuses et souvent inefficaces : structuration du sol grâce au réseau racinaire plutôt que par la charrue, recyclage des éléments minéraux plutôt que fertilisation, acceptation du développement de la biodiversité aérienne et souterraine remplissant de multiples fonctions.
Dans les faits aussi, témoigne la petite expérience réalisée au cours de cette journée : deux mottes immergées dans une colonne d’eau. L’une d’elles vient d’un champ voisin travaillé en agriculture conventionnelle, l’autre d’un champ du Gaec du Parges. « On constate visuellement l’énorme différence en termes de stabilité de la structure, remarque Emeric Courbet. La motte du Gaec du Parge est hyper stable, tandis que l’autre se délite à toute vitesse. »
Autre expérience parlante réalisée devant les groupes de visiteurs, la simulation d’une pluie intense sur plusieurs bacs de terre : sol labouré, sol labouré paillé, sol conduit en semis direct, prairie. Visuellement, on peut ainsi observer la qualité et la quantité de l’eau qui percole et ruisselle à la suite d’un évènement pluvieux intense. Sans surprise, c’est le sol prairial qui retient le plus d’eau et d’éléments fins. Or c’est justement l’idéal vers lequel tend l’agriculture de conservation des sols.
Démonstration par le couvert
D’ailleurs un détour par une parcelle du Gaec du Parge démontre l’intérêt de cette approche. « Suite à la récolte d’une orge d’hiver j’ai implanté ce couvert-relai multi-espèces, qui restera en place jusqu’au semis du maïs en avril prochain », explique Laurent Parisot.
L’aspect visuel du couvert, très développé, y compris dans les passages de roues des engins de récolte, est déjà une démonstration en soi. Huit espèces y cohabitent harmonieusement : pois, tournesol, féverole, vesce, avoine, radis fourrager, seigle, phacélie. Certaines d’entre elles, les céréales notamment, survivront aux gelées de l’hiver et seront simplement roulées avant le semis. L’ouverture d’un profil avec les dents du chargeur télescopique – méthode Peptone – permet de visualiser l’exploration racinaire. Les racines pivots des radis fourragers, d’une vingtaine de centimètres de longueur et d’un beau diamètre, démontrent qu’ils n’ont pas rencontré d’obstacle à leur développement, signe d’une structure de sol très favorable. C’est d’autant plus appréciable après une campagne où les excès d’eau ont plutôt généré des tassements, de l’hydromorphie…