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Une clôture pour sécuriser les plantations

construction d'un mur
construction d'un mur

Confrontée aux problèmes récurrents des feux de brousse et des dégâts occasionnés par les troupeaux de zébus, la Communauté du Puits de Jacob s’est résolue à entourer son terrain de Kparioh d’une clôture protectrice… Un investissement conséquent, mais nécessaire pour l’avenir des projets d’arboriculture.

« D'agronome, me voici temporairement conducteur de travaux pour le compte de la Communauté », expose Louis de Dinechin dans son rapport de mission daté de septembre. Souvenez-vous, en mai dernier, face aux incursions régulières des pasteurs peuls, aux incendies volontaires, la Communauté du Puits de Jacob avait lancé un appel aux dons pour financer la mise en place d’une clôture de protection autour du terrain où sont plantés les anacardiers… « Nous avons reçu un généreux financement et les travaux ont débuté le 7 juillet : nous avons déjà entouré près de la moitié du périmètre », poursuit le volontaire, avant d’entrer dans les détails pratiques.

Pare­feu avant tout

« Le modèle choisi est celui qui combine à la fois la protection contre le bétail et contre les feux de brousse, tout en limitant les coûts. Nous élevons donc un mur en parpaings jusqu'à 80 cm du sol environ, qui permettra d'arrêter les flammes en cas d'incendie, puis nous terminons jusqu'à 1,80 m par une clôture de barbelés. C'est une petite révolution dans le paysage, mais nous ne sommes pas les seuls à entreprendre ce genre de démarche, pour sortir des éternels problèmes liés au foncier, aux feux et aux pillages. Les sœurs d'Aledjo, l'OCDI, l'Institut National de la recherche agronomique à Davié, tous ont clôturé leur domaine pour moderniser leur agriculture ou préserver l'environnement. »

Parpaings en auto-construction

Stratégiquement, le chantier a débuté au nord du terrain, là où les troupeaux de zébus passent le plus souvent. « Nous tournons dans le sens anti­horaire pour couvrir les 1700 m du périmètre. Les travaux sont ‘’faits maison’’ de A à Z. Nous achetons le sable, le gravier, le ciment, les barres de fer, le fil de fer. Les maçons convoient le sable à la brouette et fabriquent sur place les parpaings avec l'eau que nous puisent les filles du voisinage. » Deux autres corps de métier sont aussi sollicités. Les « ferrailleurs » découpent et assemblent les barres de fer pour confectionner l'armature du béton. Les menuisiers confectionnent les coffres pour couler les poteaux. Ce chantier mobilise en tout une vingtaine de personnes et occasionne un joyeux va-et-vient autour du terrain. « Déjà le gardien peut dormir plus tranquille puisqu'à l'heure où nous imprimons, nous avons déjà tracé près de 850 m de fondations, et élevé plus de 600 m de mur. ‘’Si Dieu veut’’, selon l'expression locale, nous aurons achevé les travaux avant que la saison sèche ne soit trop avancée. »

Business plan et considérations géopolitiques

« L'investissement ramené à l'hectare est important, dans le contexte local, note l'ingénieur. Dans le business plan de l'exploitation agricole, il fait passer le délai de retour sur investissement de 6 ou 7 ans à 15 ans environ. » Mais dans un monde où les cours du blé, du riz, du cacao, de l'huile de palme, du maïs, du soja et de beaucoup d'autres matières premières agricoles sont mondialisés, n'est-il pas logique que les investissement ramenés à l'hectare convergent ? « La discussion est ouverte, tant d'un point de vue économique que philosophique... Le fromage de soja kotokoli doit-il vraiment suivre le cours du tourteau brésilien ? Le retour sur investissement d'un drainage, dans nos pays industrialisés, peut aussi dépasser les 10 ans. Pourquoi pas au Togo, où la productivité agricole doit aussi augmenter ? Pour l'anecdote, c'est en tout cas ce que pensent les Chinois qui investissent massivement dans les terres des pays du sud et du centre Sahel, faisant monter le prix du foncier. » Les méandres de la géopolitique...

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