Une initiative locale permet d'introduire une nouvelle culture dans la rotation réalisée à Kparioh : le sésame. Cette plante à cycle court a un intérêt dans la gestion des adventices, et ouvre aussi la voie à des investissements collectifs…
« Bonne nouvelle pour la bio diversité locale et la marche vers la mécanisation : une nouvelle culture va colorer le paysage de la région de Sokodé cette année. En effet, un consortium d'agronomes, de techniciens et de commerçants venus de Somalie, d'Ethiopie et plus localement de Lomé au Togo, tente de réintroduire la culture du sésame (Saesamum indicum) dans les pays du Golfe de Guinée. », se réjouit Louis de Dinechin.
Bonne place dans les rotations
Cette plante avait connu un fort essor du temps de la colonisation, comme culture de rente au même titre que l'arachide. « Puis sa culture a progressivement décru, mais les anciens se souviennent ici de l'avoir cultivée. De cycle court (45 jours), on peut la semer soit en tout début de saison des pluies (mars ou avril), soit en fin de saison (août). De quoi briser le cycle des adventices et s’immiscer comme un bon précédent du maïs par exemple. » Le consortium « sésame » envisage d'installer une usine de conditionnement en sortie de Sokodé, et cherche à emblaver des milliers d'hectares entre le Ghana, le Togo et le Bénin. « Un de leurs relais local est une amie de la Communauté, qui nous a sollicités pour participer à l'opération, ce que nous avons vite accepté. »
Des tracteurs, enfin ?
« Cela rentre bien dans notre objectif pour l'exploitation de Kparioh : diversification des rotations, augmentation de la valeur ajoutée. Nous avons donc consacré un demi-hectare pour cet essai, là où l'an passé nous avions cultivé le soja, sous les anacardiers. » A la clef, il y a peut-être aussi l'espoir de voir, dans les années prochaines, des tracteurs dans les plaines de Sokodé. Le consortium envisage en effet d'en importer plusieurs et de les mettre à disposition, un peu à la façon des Cuma (Coopératives d'utilisation de matériel agricole), des adhérents au projet. « C'est exactement l'embryon d'un système coopératif, ou au moins d'une filière organisée qui est en train de naître. Et le fait que les promoteurs soient certes des étrangers, mais des Africains, permet sans doute une bonne adhésion des populations locales. Rendez-vous au prochain rapport pour le compte-rendu des opérations de récolte et de commercialisation. »