L'ancienne députée du Doubs et maire de Morteau, Annie Genevard, a fait ses premiers pas lundi comme ministre de l'Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de la Forêt. Des premiers mots aussi où elle a souligné que "les attentes sont fortes...". Une allocution où ses terres natales du Doubs et ses problématiques ont aussi résonné.
Quelques lignes pas toujours flatteuses dans la presse nationale sitôt annoncée sa nomination comme ministre de l'Agriculture, de la souveraineté alimentaire et de la forêt. Et Annie Genevard d'être présentée comme une ministre qui ne serait pas toujours au fait des sujets agricoles. Davantage attirée par les sujets d'éducation. Peut-être des raccourcis et amalgames à la loupe de ses fonctions politiques au sein de la Droite républicaine (Les Républicains). Car dans le haut Doubs, et plus largement dans le département, Annie Genevard est surtout perçue comme une élue de terrain, de proximité en lien fort avec la ruralité. Un engagement chevillé au corps. Une disponibilité. Un franc-parler emballé dans une voix douce !
C'est l'ADN de l'ancienne maire de Morteau (2002-2017) et désormais ancienne députée de la 5e circonscription, poste qu'elle occupe depuis 2012. C'est d'ailleurs son suppléant Éric Liegeon qui siégera désormais à l'Assemblée nationale.
"Je ressens une fierté. Pas personnelle, pour les agriculteurs du haut Doubs d'où je viens. Avec moi, ce sont leurs espoirs, leurs solidités et difficultés qui entrent dans ce ministère." Et de mettre en lumière les produits régionaux. Avec en tête : la saucisse de morteau. Forcément !
D'ailleurs, samedi dernier, en attendant le coup de fil de Matignon, elle était encore aux côtés des agriculteurs sur les comices du Russey et de Mouthe. ("J'en ai fait 120 depuis que je suis parlementaire. Les comices, ce sont des moments magiques dans la ruralité !")
Elle y a d'ailleurs fait allusion lundi midi, lors de la cérémonie de passation de pouvoir avec son prédécesseur, Marc Fesneau. "Les agriculteurs me l'ont dit en ces termes : on a les problèmes mais on peut aussi être la solution !".
"Je dois avancer vite !"
Car Annie Genevard se sait attendue au tournant par le monde agricole vivant dans un contexte tout particulier avec une liste de revendications conséquentes. "L'attente dure depuis longtemps… L'impatience est grande depuis des mois. Je veux et je dois avancer vite" a-t-elle indiqué.
Avant d'esquisser une méthode. Sa méthode. "Dans les prochaines semaines, les résultats doivent se voir dans les cours de ferme. Le calendrier électoral a trop pesé sur le monde agricole… C'est avec une égale attention, la même vigueur que je veux les entendre pour ajuster des réponses concrètes, rapides et opérationnelles qu'ils attendent et qu'on construira ensemble… Le fatalisme n'est ni mon tempérament, ni mon engagement politique. Le déclinisme, la décroissance et le renoncement, c'est le contraire de ce que je suis !"
La nouvelle ministre a dit sa "détermination" à mener à son terme la loi d'orientation agricole, dont le parcours législatif a été interrompu par la dissolution de l'Assemblée nationale.
Parmi ses priorités, Annie Genevard cite aussi "la simplification normative", faire avancer le dossier des clauses miroirs.
Elle s'est aussi posée en défenseure des agriculteurs, qualifiés de "chefs d'entreprise", et affirmé que "le rôle de l'État (était) de soutenir ceux qui produisent", citant un peu plus loin la jeunesse et les agricultrices.
Le loup, bien sûr !
La ministre a aussi évoqué le bashing subi par toute une profession. Et affirmer haut et fort de quel côté elle se plaçait. "Une profession difficile qui subit trop souvent des procès injustes, exprimés parfois violemment… Je partage le sentiment de révolte de certains face à des activistes qui détruisent les moyens de productions et l'outil de travail indispensable pour nous nourrir".
La ministre n'en dira pas plus. Même si le sujet de la prédation est évoqué brièvement quelques instants plus tard. La ministre rappelait la visite sur les lieux d'une prédation de son prédécesseur le jour du Super comice de Pontarlier en octobre 2022.
"Ces agriculteurs que je vois solides et déterminés… Et que je vois là fondre en larmes parce qu'ils aiment leurs bêtes, parce que le bien-être animal est leur quotidien. Il faudra que l'on reparle, chère Agnès, de ce sujet important !"
Agnès, c'est Agnès Pannier-Runacher. Ministre déléguée démissionnaire à l'Agriculture et ministre "entrante" de la Transition écologique, de l'Energie, du Climat et de la Prévention des risques.
Elle était justement à ses côtés sur le perron du ministère qu'elle s'apprête elle aussi à quitter. Les sourires étaient alors de rigueur. Mais après ?