Le déficit de précipitations de ces dernières semaines est à l'origine de stress hydriques plus ou moins marqués sur les cultures de maïs destinés à l'ensilage. Il est important d'en tenir compte dans l'organisation des chantiers et la confection des silos, pour mettre de son côté les meilleures chances de bonne conservation.
S’il y a plusieurs parcelles à ensiler, commencer par celle dont la teneur en matière sèche des plantes parait la plus élevée. Ce fourrage sera ainsi situé dans la couche basse du silo. L’objectif est double :
- si le fourrage issu de cette parcelle est sec (supérieur à 40 % MS), il peut s’avérer difficile à tasser. Il est intéressant de le « lester » en le recouvrant par du fourrage plus humide issu des autres parcelles.
- si la teneur en MS des autres parcelles est inférieure à 25-26 %, du jus risque de s’écouler du silo. Disposer un aliment ou un fourrage plus sec dans la partie basse peut permettre de récupérer ces jus afin d’éviter la perte de nutriment et de matière issues de l’ensilage.
A noter que, comme pour un chantier d’ensilage classique, il faut étaler et tasser successivement le fourrage en couches fines de 10 à 15 cm.
Apprécier la teneur en MS et adapter la conduite
Devant l’hétérogénéité des teneurs en MS intra- et inter-parcelles, il sera nécessaire d’apprécier la teneur en matière sèche le jour J. Pour ce faire, il faudra attendre le détourage complet de chaque parcelle par l’ensileuse (les tours de champ n’étant généralement pas représentatifs du cœur de la parcelle). L’estimation de la teneur en MS se fera lors du dépôt de la première benne représentative de la parcelle. Dans la mesure où les plantes présentent au moins une partie de surface encore verte au moment de la récolte, et le fourrage à au moins 25 % MS, la teneur en sucres solubles sera suffisante pour garantir les processus d’acidification du silo, nécessaire à une bonne conservation de l’ensilage de maïs.
L’ajout d’additifs de conservation peut se justifier sur des maïs très secs, pour réduire les risques d'acidification lente et d'échauffement du fourrage au front d'attaque. Les bactéries lactiques (homofermentaires et hétérofermentaires) seront les plus adaptées. Elles pourront être renforcées par des enzymes dont le rôle sera d’hydrolyser les fibres les plus facilement digestibles et les sucres de réserve, pour activer les fermentations lactiques.
En dessous de 25 % de MS, les risques d’écoulement de jus au silo sont importants, et ce d’autant plus que le silo confectionné est haut. Le jus contient des nutriments et des minéraux ; leur perte diminue d’autant la valeur alimentaire du fourrage ensilé. Il peut être intéressant de disposer un fourrage plus sec dans les basses couches afin de récupérer ces jus (ensilage de maïs ou ensilage d’herbe sec, paille, pulpe…)
Attention, les grosses particules de fourrage (ø > 15 – 20 mm) empêchent de chasser correctement l’air du fourrage. Des feuilles desséchées peuvent ne pas être bien coupées par l’ensileuse comme cela peut être le cas des feuilles du bas de plantes ou les spathes en année normale. Des couteaux d’ensileuse bien affûtés sont une fois de plus gage d’un travail de qualité.