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Grandes cultures : piloter la fertilisation azotée

Journée technique grandes cultures
Journée technique grandes cultures

Une quarantaine de participants se sont rendus aux journées techniques organisées par la Chambre d’agriculture. L’occasion d’échanger notamment sur la stratégie de fertilisation azotée du colza et du blé, dans le contexte actuel

L’analyse des courbes de réponse à la fertilisation azotée, sur colza comme sur blé, est riche d’enseignements. Surtout quand l’unité d’ammonitrate 33 coûte 2 euros, contre 0,7 en 2020. Emeric Courbet, technicien grandes cultures à la Chambre d’agriculture de Haute-Saône, présentait justement de tels graphiques à l’occasion des journées techniques de la semaine dernière. S’appuyant sur la synthèse des essais réalisés sur la période 2019-2021, il a détaillé l’impact de la fertilisation azotée, non seulement sur le rendement brut, mais aussi sur le rendement net (c’est-à-dire en y soustrayant le coût des intrants). « ça permet de visualiser l’impact de plusieurs scénarios : prix de l’azote élevé et cours du colza élevé à 500 €/T, mais aussi prix de l’azote élevé et baisse du cours à 350 €/T », explique-t-il.

La dose X reste le bon repère

Même cher, l’azote reste un levier de productivité bien rentabilisé, démontrent ces graphiques. « Le calcul de la dose X est indispensable pour piloter précisément la fertilisation azotée du colza : ça passe par une double pesée, la première avant l’hiver a dû être faite, la seconde fin janvier début février au moment de la reprise de la végétation. Il faut ensuite bien évaluer le potentiel de rendement de la parcelle : la culture du colza est assez ancienne pour que tous les agriculteurs soient capables d’estimer à peu près ce potentiel. Cet automne les colzas sont bien partis, et même s’il y a des manques, on sait que la plante a une bonne capacité de rattrapage. A condition de ne pas revoir la dose d’azote à la baisse même si des accidents climatiques ou sanitaires se produisent. En revanche, on voit que dépasser les 200 unités / ha ne sera pas rentabilisé. La réglementation permet des apports à partir du 1er février : si la météo le permet, c’est le bon moment pour amener jusqu’à 80 unités et profiter des conditions poussantes qu’on a parfois à cette période de l’année. » Le technicien recommande aussi de ne pas lésiner sur le souffre, qui peut être un facteur limitant de la culture.

Impacts de l’effet dose

Les mêmes graphiques, réalisés pour le blé d’hiver, ont une allure un peu différente, et si deux hypothèses défavorables se conjuguent (un prix de blé sous les 150 €/T avec une unité d’azote payée plus d’1,5 €), les 40 dernières unités d’azote ne seront pas valorisées à hauteur de l’investissement. « La mesure du reliquat sortie hiver et une bonne estimation du potentiel agronomique de la parcelle restent déterminants pour calculer précisément les besoins de la culture. Le fractionnement reste un bon moyen pour améliorer l’efficience des apports… à condition d’avoir une pluviométrie adéquate. Mais on a pu voir au cours des dernières années qu’un peu de fraîcheur du sol permettait tout de même l’accès du blé à l’azote. La quantité d’azote est déterminante pour le rendement, le dernier apport va jouer plutôt sur la teneur en protéine du grain. » Face au renchérissement de l’azote, les cultivateurs ont aussi modifié leurs assolements, en se tournant vers des plantes moins gourmandes, telles que le soja (0 unités), le tournesol (60 unités), l’orge de printemps (100 U).