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Récoltes 2022 : moissons orageuses

Les moissons vont reprendre avec le retour d’un temps plus sec… mais attention aux conséquences sur la structure des sols !
Les moissons vont reprendre avec le retour d’un temps plus sec… mais attention aux conséquences sur la structure des sols !

Les moissons ont débuté dans un contexte orageux, avec d’importantes précipitations et localement des averses de grêle destructrices. Le retour à une ambiance plus sèche va permettre de moissonner les blés en priorité.

Avec plus de 190.000 impacts de foudre déjà enregistrés à la fin de la semaine dernière, le mois de juin prend la tête du classement pour ce critère, depuis le début des relevés en 1989. Les fortes températures enregistrées ont favorisé la formation de cumulonimbus, ces énormes nuages de convection qui peuvent s’élever jusqu’à 15 km d’altitude… et sont responsables des violents orages. Une « goutte froide », perturbation venue du nord de l’Europe a amplifié l’intensité des phénomènes de grêle, de pluies intenses et de violentes rafales. Ces précipitations sont venues interrompre les moissons qui avaient débuté plutôt en avance cette année, avec une fin de cycle hâtée par la sécheresse. « Il est tombé 50 à 100 mm en 8 jours, sous forme d’orages, avec plusieurs épisodes de grêle qui ont fait des dégâts impressionnants par endroits, comme dans le secteur de Conflans-sur-Lanterne dimanche soir, où les maïs ont été hachés par les grêlons. », relate Emeric Courbet, conseiller grandes cultures à la Chambre d’agriculture de Haute-Saône.

Ressemer des maïs précoces ?

Selon la présence où non d’élevage dans les exploitations, les parcelles pourront être ressemées en maïs (avec un petit indice de précocité), en ray-grass… « Voire en luzerne : statistiquement, c’est la période la plus favorable pour implanter une luzerne, qui pourra atteindre un bon développement d’ici fin août », complète le technicien. « Ceux qui sont spécialisés en grandes cultures pourront tenter un soja. »

Côté moisson, le conseiller préconise de privilégier les blés, désormais mûrs, pour limiter les risques de dégradation de leur qualité, notamment via la baisse du poids spécifique. « Dès que les blés seront suffisamment secs : apparemment à partir de cette fin de semaine la météo va être plus favorable. » Pour les premiers colzas récoltés, les échos de campagne sont plutôt bons, avec des rendements de l’ordre de 30 qx/ha. « C’est une plante résiliente, capable de compenser une bonne partie des aléas climatiques. », constate une nouvelle fois Emeric Courbet. Mais… il alerte au sujet des risques de tassements liés aux passages des engins de récolte. « Avec des sols encore mal réssuyés, les structures de sols vont encore être mises à mal ! L’outil Terramino, disponible en ligne, permet d’évaluer ce risque. Il faudra soigner la préparation des sols avant les prochains semis de colza. Le plus tôt possible, sans dégrader la structure, pour conserver des sols frais et favoriser une levée rapide et homogène, ce qui limite les dégâts de ravageurs. Notamment les altises, à partir du 15 septembre ! En 2021, les travaux du sols tardifs avaient abouti à des sols complétement asséchés, et des colzas qui n’en finissaient pas de lever… » Il encourage les agriculteurs à pratiquer le test de la bêche, après quelques jours sans pluie, pour évaluer l’état du sol et choisir l’outil le plus approprié pour améliorer la structure.

De belles cultures de printemps

En dehors des secteurs ravagés par la grêle, les cultures de printemps ont bien profité de l’arrosage associé aux températures chaudes. Les maïs et les tournesols, bien développés, commencent ça et là à fleurir. « Dans les maïs, le dépôt de ponte des pyrales se poursuit, des pontes fraiches sont visibles. Sur notre parcelle la plus touchée du réseau de surveillance, le pourcentage de pieds porteurs de ponte est passé de 10% à 14% cette semaine et des perforations de larves sont visibles sur les feuilles de 15% des pieds. » Un traitement au Coragen à 0,1 L/ha est envisageable autour du 1er juillet dans les parcelles destinées à une récolte en grain. En tendance, les modèles de prévision des dates d’ensilage, qui s’appuient sur les sommes de températures supérieures à 6°C, annoncent une récolte précoce, dès le 15 août pour le secteur de Chargey-les-Gray pour les indices 350. « 2022 fait partie des années les plus chaudes, égale à 2003. »