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Ensilages de maïs : mettez tous les atouts de votre côté !

La période des ensilages de maïs débute, avec de belles parcelles là où la structure du sol était correcte.
La période des ensilages de maïs débute, avec de belles parcelles là où la structure du sol était correcte.

Les tous premiers chantiers d’ensilages de maïs ont débuté cette semaine dans les zones basses de la région. Voici quelques clés pour préserver les qualités nutritionnelles de ce fourrage à haute valeur potentielle, tout en minimisant les pertes.

Comme le rappellent les ingénieurs d’Arvalis-Institut du végétal, la plage optimale de récolte des maïs fourrages destinés à la conservation sous forme d’ensilage plante entière se situe entre 31 et 35 % de MS (plante entière). Le rendement est alors stabilisé, la teneur en amidon est voisine de 30-32 % de la matière sèche de la plante et, en conditions normales de végétation, la qualité des tiges et des feuilles n’est pas dégradée. Une récolte trop précoce limite le rendement, ainsi que la teneur en amidon, et entraîne des jus au silo. Une récolte tardive augmente le risque de mauvaise conservation, notamment par défaut de tassement.

La période à laquelle ce stade est atteint dépend du groupe de précocité de la variété cultivée, de la date de semis et des conditions climatiques de l’année. Les précipitations fournies de l’été 2024 ont permis aux cultures de maïs d’exprimer tout leur potentiel de croissance, pour peu que les conditions d’implantation n’aient pas été trop compliquées, ce qui se traduit par des parcelles fournies en végétation, agréables à regarder. Le modèle prédictif de croissance basé sur les sommes de températures au-dessus de 6°C évalue les dates optimales de récolte. « Si on les cumule depuis le 20 avril ou depuis le 20 mai, l’année 2024 reste dans la moyenne des 20 dernières années ! Nous sommes actuellement à 1 520 degrés base 6 pour un semis du 20/04 et à 1 300 degrés base 6 pour un semis du 20/05 », constate Emeric Courbet, technicien grandes cultures à la Chambre d’agriculture de Haute-Saône, dans le bulletin Agrosaône paru le 27 août. En conséquence, les estimations des dates de récolte pour un ensilage s’établissent dans la moyenne décennale. « Pour des semis du 20 avril, dans le secteur de Chargey-les-Gray par exemple, un maïs précoce à demi-tardif (indice 450-S3) sera bon à ensiler autour du 4 septembre. Du côté de Villersexel, il faudra attendre cinq jours supplémentaires. » Il va de soit que les maïs semés un mois plus tard vont avoir besoin de quelques semaines de plus pour atteindre la maturité requise.

Maîtriser la finesse de hachage

La finesse de hachage, ou longueur de coupe, a un impact sur le tassage du silo et sur l’ingestion par les animaux. L’objectif est un rendu auge de 8-10 mm, en prenant en compte l’agressivité des systèmes de reprise de l’ensilage et de préparation de la ration. Sur des maïs secs, au-delà de l’optimum de récolte (à plus de 37-38 % de matière sèche plante entière), il faut viser une longueur théorique maximale de 10-12 mm, pour faciliter le tassage du silo et la bonne conservation. Le bon éclatement des grains permet de s’assurer de leur digestion complète par les animaux. L’objectif est que tous les grains soient touchés, avec au moins les trois-quarts éclatés en quatre parties. Plus la maturité des grains est avancée, avec une forte proportion d’amidon vitreux, plus ils devront être éclatés.

Soigner l’homogénéité de coupe et le tassement

Les gros morceaux (> 20 mm) sont indésirables car ils gênent le tassement du silo et provoquent des refus à l’auge entraînant une baisse de consommation des vaches. La présence de plus de 1 % de gros morceaux (soit le contenu d’un gobelet pour un seau de 10 litres) traduit un défaut de réglage ou d’entretien de l’ensileuse.

Les particules moyennes (de 10 à 20 mm) doivent représenter 10% à l’auge. Limiter leur présence améliore le tassement, surtout si la teneur en MS du maïs dépasse 35%, mais pénalise la rumination des vaches. Dans le cas des maïs qui ne se dessèchent pas facilement (récolte en octobre, dans les régions voisines de la Manche, par exemple), il est envisageable d’augmenter la longueur de coupe jusqu’à 15 à 20 % de particules moyennes, mais avec un risque de baisse d’ingestion. Par ailleurs, les dessileuses et mélangeuses peuvent réduire d’un tiers le nombre de particules moyennes.

Le processus de fermentation aboutissant à la stabilisation du fourrage intervient en milieu anaérobie (en absence d’oxygène). Plus le maïs fourrage est récolté vert et humide, moins le silo tassé conserve de porosité et plus vite le peu d’oxygène retenu dans le silo est consommé par la respiration du végétal ou l’activité microbienne. À 30 % de MS, 1 kg de matière sèche enferme environ 1 litre d’air. En 3 ou 4 heures, l’oxygène du silo est consommé et le processus de fermentation démarre rapidement.

En revanche, un maïs fourrage plus sec (au-delà de 35 % de MS) est plus difficile à tasser. L’air enfermé dans le silo représente 2 à 4 litres par kg de matière sèche et beaucoup plus en haut du tas. Le processus de fermentation démarre alors plus lentement et, en présence d’oxygène, les levures et moisissures se multiplient. En condition hermétique leur activité est ralentie et cesse d’échauffer le silo. Mais, par la suite, cette activité reprend de plus belle au niveau du front d’attaque : c’est la principale cause de pertes de matière sèche lors de la conservation du maïs fourrage. Le tassement se fait par couche successives de 20 cm maximum d’épaisseur. Si le silo est assez large, utiliser deux tracteurs-tasseurs ou prévoir deux silos à remplir en même temps.