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Sanitaire : le nouveau cas de DNC rebat les cartes

Le contexte sanitaire incertain a conduit plusieurs organisations raciales à renoncer à leurs concours, notamment lors du tout prochain sommet de l’élevage. Crédit photo : A.Coronel
Le contexte sanitaire incertain a conduit plusieurs organisations raciales à renoncer à leurs concours, notamment lors du tout prochain sommet de l’élevage. Crédit photo : A.Coronel

Un nouveau foyer de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) a été confirmé dans le Rhône, portant à quatre le nombre de départements touchés. « La gravité des symptômes et la longue incubation imposent une biosécurité stricte », rappelle Yves Lambert, directeur de la DDets-PP 70. Chaque nouveau cas prolonge de 15 mois la perte du statut indemne, avec de lourdes conséquences à l’export.

La dermatose nodulaire contagieuse (DNC) continue de bouleverser l’élevage bovin en Auvergne-Rhône-Alpes et au-delà. Après plusieurs foyers détectés en août et septembre, un nouveau cas a été confirmé le 19 septembre dans le Rhône, sur la commune de Saint-Laurent-de-Chamousset. L’exploitation touchée, en dehors de la zone réglementée, a conduit à la délimitation d’un nouveau périmètre de protection. Cent soixante vaches laitières ont dû être euthanasiées. Au total, quatre départements sont désormais concernés : Ain, Rhône, Savoie et Haute-Savoie.

Ce rebond sanitaire entraîne des répercussions directes sur la vie professionnelle des éleveurs. Plusieurs concours bovins majeurs ont été annulés : la Montbéliarde a renoncé à Doubs Terre d’élevage (novembre), la Jersiaise et la Montbéliarde seront absentes du Sommet de l’Élevage (début octobre à Cournon-d’Auvergne), et le National Simmental est également supprimé.

Des symptômes plus graves qu’attendu

Si la DNC est historiquement décrite comme une maladie à faible mortalité (1 à 5 % selon les contextes), elle provoque en France des symptômes sévères, notamment sur les vaches laitières. « Dans le dernier foyer confirmé, 80 bovins d’un troupeau de 160 vaches présentaient des lésions, relate Yves Lambert, directeur départemental de la protection des populations de Haute-Saône. Ça ne sert à rien de jouer l’autruche : plus la détection est tardive, plus longues seront les conséquences. » Certains éleveurs initialement réticents aux mesures sanitaires ont changé d’avis après avoir constaté l’état de leurs animaux. « Le protocole d’euthanasie sur place est traumatisant, mais laisser des animaux infectés, c’est maintenir un réservoir de virus », souligne le responsable, qui rappelle avoir déjà vécu l’abattage massif de troupeaux ovins lors de crises de fièvre aphteuse.

Une maladie à incubation longue

La gestion de la DNC est rendue complexe par sa période d’incubation pouvant atteindre 45 jours. Durant ce laps de temps, les animaux infectés ne présentent pas de signes visibles mais sont déjà porteurs du virus. « L’installation d’une immunité partielle après vaccination limite les symptômes mais n’empêche pas la circulation virale. Cela justifie des mesures de biosécurité strictes et partagées », insiste Yves Lambert.

Les clusters apparus cet été montrent que les insectes hématophages (taons, stomoxes) jouent un rôle de vecteurs de proximité. Un transport d’animaux ou le simple va-et-vient de personnes peut suffire à disséminer la maladie. « La biosécurité, c’est surtout du bon sens : organiser et structurer l’élevage pour éviter les contaminations », rappelle-t-il.

La vaccination a été largement déployée dans les zones de surveillance, avec 80 % des animaux protégés. Elle permet de réduire la morbidité mais n’exclut pas la vigilance. Ses effets secondaires ne sont pas anodins (hyperthermie, baisse de fertilité temporaire), ce qui interdit de vacciner trop massivement dans une population naïve au risque de fausser la détection précoce.

Des conséquences économiques lourdes

La DNC est une maladie réglementée par l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA). La France a perdu son statut de pays indemne, ce qui a des conséquences immédiates pour l’export. Les débouchés pour les reproducteurs bovins, mais aussi pour certaines denrées alimentaires, se ferment. « Même si les produits ne présentent aucun risque sanitaire, les règles internationales s’appliquent. Le retour à la normale ne pourra intervenir que quinze mois après la stabilisation de la situation. Chaque nouveau foyer rallonge d’autant ce délai », insiste Yves Lambert.

Ce contexte explique l’importance des mesures de surveillance. Tout éleveur doit signaler sans délai l’apparition de symptômes suspects. Les analyses sont prises en charge par l’État. En cas de confirmation, le lot concerné est euthanasié et la désinfection imposée, avec une levée des mesures quarante-cinq jours plus tard.

Un appel à la vigilance collective

La DNC illustre les défis sanitaires auxquels l’élevage est confronté. « D’autres menaces existent : fièvre aphteuse, peste porcine africaine, grippe aviaire. La vigilance et l’information du vétérinaire au moindre doute sont essentielles », conclut Yves Lambert.

Dans ce contexte incertain, les acteurs de la filière doivent conjuguer résilience et solidarité. La maîtrise de la DNC repose moins sur des solutions techniques que sur une discipline collective, seule garante d’un retour rapide à la normale.