L'arrivée bienvenue des précipitations, en cette fin d'été, relance la pousse de l'herbe, une herbe d'automne aux valeurs nutritives élevées. Avec un coût de production de l’ordre de 25 €/TMS, le pâturage est économiquement intéressant, moyennant quelques adaptations.
Malgré les disparités de répartition et d’intensité, nos secteurs ont globalement tous bénéficié de précipitations suffisantes pour relancer la pousse de l’herbe au cours de la dernière décade. De quoi garantir la pousse de l'herbe, et donner des perspectives aux systèmes pâturants. La régle qui prévaut, c'est de faire consommer l'herbe quand elle pousse. Pour bien gérer la pâture, il faut restreindre la distribution de fourrage. On sortira les animaux au pâturage sans distribuer du fourrage le matin pour qu’ils consomment un maximum d’herbe. Les repousses d’automne sont riches en azote, jusqu’à 20 % de MAT, à condition que les parcelles aient été correctement fertilisées ou soient biens pourvues en légumineuses. On peut facilement économiser un kilo de tourteau, notamment lorsqu’on fait pâturer des prairies ou dérobées semées l’été.
Maintenir les parcelles en bon état
Il faut adapter la sortie des animaux à la portance des parcelles. En cas de période pluvieuse, on privilégiera les terrains qui ressuient le plus rapidement. A défaut on limitera la durée de pâture à 2-3 heures : une vache est capable d'ingérer environ 2 kg de MS par heure. En fin de saison de pâturage on essaiera de maintenir une hauteur de 5 cm d’herbe, suffisamment rase pour laisser la parcelle propre. Un apport de lisier ou de fumier après pâture, dans des conditions encore poussantes est idéal pour un redémarrage précoce de la prairie au printemps.
Plus riche, mais moins fournie
A cause de la baisse des températures nocturnes et de la photopériode déclinante, l'herbe d'automne se distingue de celle du printemps par sa plus grande richesse en azote (d'où le besoin d'apport de fibres aux animaux) et sa pousse est moins rapide. « C’est ce dernier paramètre qui oblige à revoir régulièrement le chargement, pour l’ajuster à la disponibilité réelle de l’herbe. », détaille la conseillère élevage. Avec un chargement adapté et une bonne gestion, ce pâturage n'impactera pas la repousse au printemps. L'entrée dans les parcelles se fait à 18-20 cm (feuille tendue) ou au stade trois feuilles pour les graminées, pour une sortie à 5-7 cm (feuille tendue).
Si la gestion du pâturage a été maîtrisée au printemps, les repousses d’automne ont des valeurs nutritives élevées notamment en azote (jusqu’à 20 % de MAT), car la minéralisation de la matière organique est importante à cette période. Une économie substantielle de correcteur azoté est donc possible. Sans oublier l’économie sur les stocks de fourrage ! En revanche, l’énergie disponible diminue légèrement (0,90 UFL), pouvant causer un excès d’azote et une augmentation des teneurs en urée du lait. Il est alors recommandé d’utiliser un concentré énergétique de type céréales, en quantité limitée afin de ne pas pénaliser l’ingestion d’herbe par effet de substitution.
Augmenter le temps de repos
Des temps de repos suffisamment longs entre deux pâturages, 30 à 40 jours, permettent de maximiser la production de cette herbe de qualité. Un chargement d’au-moins 40 à 50 ares/VL en été et automne doit permettre d’atteindre cet objectif en ration à dominante pâturage. Les fourrages distribués à l’intérieur seront la variable d’ajustement du stock d’herbe disponible offert aux animaux.
Pour favoriser l’ingestion d’herbe, il faut limiter la quantité de fourrage conservé, en jouant notamment sur les rythmes de distribution. On sortira par exemple les animaux au pâturage sans distribuer du fourrage le matin pour qu’ils consomment un maximum d’herbe. En effet, une vache peut consommer 4 kg de MS de maïs en ½ heure. L'idéal est donc de sortir les animaux rapidement après la traite du matin pour profiter de la stimulation de l'appétit, la distribution d'ensilage sera réalisée le soir. Il faut jouer sur le temps de sortie des animaux, sachant qu'une vache est capable de consommer 7 à 8 kg de MS de pâture en 3-4 heures, si elle n'a pas eu à volonté un fourrage complémentaire pendant la nuit.



