Depuis cet été, l’apparition de plusieurs foyers de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) bouleverse le calendrier des concours bovins. La maladie, qui a déjà entraîné l’abattage de cheptels entiers et la mise en place d’une zone réglementée sur cinq départements, jette une ombre sur les rendez-vous d’automne. Faute d’interdiction réglementaire stricte, ce sont les organisateurs qui arbitrent, souvent à contrecœur, entre annulation préventive et maintien sous haute vigilance.
Dès le mois d’août, plusieurs départements ont préféré annuler préventivement leurs manifestations et rassemblements d’animaux prévus cet automne, à l’image des comices du Doubs, du Jura, ou du concours laitier prévu lors de la finale départementale des labours en Haute-Saône. La traditionnelle vente aux enchères de Vellefaux a également été sacrifiée. « Le cœur n’était de toute façon pas à la fête, avec l’abattage de troupeaux entiers chez nos collègues de Savoie », relève Mickaël Millet, éleveur à la Marre dans le Jura. Le 12 octobre, la Foire agricole de Saint-Bresson devait accueillir un concours national de la race vosgienne, déjà reporté une fois pour cause de FCO. Le conseil d’administration de l’OS Vosgienne a finalement décidé d’y renoncer : « Cette décision difficile, prise à l’unanimité moins une voix, fait suite au faible nombre d’inscriptions, lié aux inquiétudes légitimes autour de la DNC, d’autant qu’un nouveau foyer a été confirmé hier », indique le conseil dans un communiqué. « Dans ce contexte d’incertitude, il n’était pas possible d’assurer la tenue du concours dans des conditions sereines et sécurisées. » Un report est envisagé. En revanche, un concours interdépartemental Vosges–Haute-Saône se tiendra, avec une soixantaine d’animaux attendus.
Un Sommet de l’élevage amputé
La plus grande interrogation concernait le Sommet de l’élevage, prévu du 7 au 10 octobre à Cournon-d’Auvergne. Un concours interrégional montbéliard devait y avoir lieu en nocturne, une première très attendue. Mais la participation franc-comtoise s’amenuise. « À contrecœur, nous avons décidé de ne pas emmener de vaches du Jura, explique Mickaël Millet, également président de la commission concours de Montbéliarde association. Outre la DNC, la FCO est en pleine expansion dans l’Ouest, ce qui a conduit les organisateurs du Space à annuler le concours montbéliard après que de nombreuses analyses se sont révélées positives. On était optimistes pour l’avenir, mais le dernier cas confirmé de DNC prolonge les restrictions de 45 jours et étend la zone réglementée à une bonne partie de notre département, ce qui complique la vie des éleveurs. C’est toujours délicat d’arbitrer entre des risques mal maîtrisés, les enjeux économiques et politiques d’un salon comme le Sommet… et l’envie de participer. »
Les éleveurs du Doubs ont pris la même décision, avec en ligne de mire d'autres échéances, telles que le Super Comice de Pontarlier ou Doubs, Terre d'élevage. « Une réunion est prévue le 18 septembre avec tous les organismes d’élevage et sanitaires, au cours de laquelle nous débattrons et nous statuerons », explique Julien Jouille, président des éleveurs de montbéliardes du Doubs. Du côté du GDS25, la prudence est de mise. « En attendant que la situation s’éclaircisse et que la stratégie d’éradication porte ses fruits, il ne faut surtout pas relâcher les mesures de biosécurité, insiste son président, Lionel Malfroy. Le dernier foyer confirmé est probablement le fruit d’une négligence humaine. Autoriser les concours maintenant serait un mauvais signal. »
Les éleveurs haut-saônois n’ont pas encore tranché. Seize vaches ont été inscrites au Sommet, mais la participation finale reste incertaine. « On suit de près l’évolution de la maladie et on décidera très prochainement », résume Julien Deschanel, président du syndicat des éleveurs.
Même avec des délégations réduites, le concours montbéliard du Sommet aura bien lieu, mais à effectif limité. « Sans vaches de l’Isère, de l’Ain, des Savoie ou du Jura, il n’aura pas l’ampleur prévue », regrette Mickaël Millet.
Entre raison et passion
Ces annulations en série rappellent l’importance des concours pour les filières : vitrine de sélection, outil de promotion raciale, lieu de convivialité et de motivation pour les éleveurs. Leur absence laisse un vide difficile à combler. Pour autant, l’esprit d’entraide perdure. « On a vu ces dernières semaines la force du métier, conclut Mickaël Millet. Pour organiser la vaccination, la contention, et la solidarité, les éleveurs se sont serré les coudes, même entre personnes qui ne se parlaient plus depuis des années. »



