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DNC : éleveurs et filières retiennent leur souffle

Les éleveurs et leurs filières craignent une vague de DNC, avec de lourdes conséquences économiques pour les élevages et le commerce d'animaux vivants. Crédit photo : AC
Les éleveurs et leurs filières craignent une vague de DNC, avec de lourdes conséquences économiques pour les élevages et le commerce d'animaux vivants. Crédit photo : AC

La confirmation d’un foyer de DNC en Savoie le 29 juin 2025 est une source d’inquiétude pour les éleveurs et plus largement tous les maillons des filières d’élevage, à cause des conséquences zootechniques et commerciales de cette maladie. L’occasion de rappeler quelques principes de biosécurité, pour limiter les risques de propagation de cette maladie… et des autres.

Un foyer de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) a été confirmé le 29 juin 2025 pour la première fois en France. Des foyers de DNC ont préalablement été confirmés en Italie (Sardaigne puis Lombardie). Cette maladie virale se transmet entre animaux par piqûre d’insectes ou par contact étroit. Elle se propage par mouvements d'animaux infectés (transport de bétail) et localement par piqûres d'insectes hématophages (taons et stomoxes - mouches piqueuses dites aussi mouches charbonneuses). « Elle est essentiellement transmise par l’intermédiaire d’insectes vecteurs (stomoxes en particulier, lire encadré), ou par contact étroit », selon le réseau des GDS, qui a édité dans l’urgence une fiche « biosécurité » et une « fiche réflexe » destinées aux éleveurs à ce sujet. La DNC concerne seulement les bovidés (bovins, buffles, zébus...), mais ni les équins, ni les ovins, ni l'homme.

L'incubation dure de 4 à 14 jours mais elle peut atteindre un mois. Le symptôme le plus évident est l'apparition de nodules sur la peau (nodules durs, arrondis et indolores, de 0,5 à 6 cm de diamètre), préférentiellement sur la tête, le cou les membres et la mamelle, associée à une hyperthermie (41°C), une hypertrophie des ganglions lymphatiques, forte chute de production. Complications possibles : conjonctivite souvent associée à une kératite, en cas d’atteinte de la mamelle œdème souvent prononcé. Dans les formes graves l’état général s’altère rapidement et on peut observer une pneumonie, un arrêt de la rumination et une météorisation… « Cette maladie animale est fortement préjudiciable à la santé des bovins et conduit à des pertes de production importantes », poursuit la note émise par les GDS, qui insiste sur la nécessité d’une détection précoce de la maladie. « Les éleveurs doivent surveiller quotidiennement l’état de santé des animaux et alerter immédiatement leur vétérinaire sanitaire en cas de suspicion. Dans ce cas, le vétérinaire déclarera la suspicion à la DD(ec)PP et pourra réaliser des prélèvements sur les animaux. Des mesures conservatoires telles que l’isolement des animaux malades, l’interdiction de mouvements et le renforcement des mesures de biosécurité dans l’élevage devront être appliquées. »

Un virus stable et résistant

Le virus de la DNC est particulièrement stable et peut survivre pendant de longues périodes à température ambiante, en particulier dans les croûtes desséchées des animaux. Il est très résistant à l’inactivation, survivant jusqu’à 33 jours ou plus dans les nodules cutanés nécrotiques, jusqu’à 35 jours dans les croûtes desséchées. Le virus peut rester viable pendant de longues périodes dans l’environnement.

Pour les élevages situés dans la zone réglementée mise en place ou situés en périphérie proche (actuellement seuls les départements de l’Ain, de Savoie, Haute-Savoie et de l’Isère sont partiellement concernés, cf. carte actualisée au 8/07), l’application de mesures de biosécurité est indispensable pour protéger les troupeaux. « Des suspicions sont en cours, la situation est évolutive. », rappelle Caroline Bouissel, directrice du GDS70. « Compte-tenu de la gravité de cette maladie classée à éradication immédiate (euthanasie des bovins du foyer), les consignes que tous les éleveurs doivent appliquer sont de limiter voire éviter les mouvements d’animaux et d’intensifier la surveillance quotidienne de tous les animaux de leur cheptel, afin, en cas de signes évocateurs, d’appeler immédiatement leur vétérinaire sanitaire. Pour disposer de plus de détail sur la maladie et surtout suivre l’évolution de la situation il faut consulter le site internet du GDS BFC à l’adresse https://www.gdsbfc.org/ »

Mesures de biosécurité : animaux, véhicules et personnes

En zone réglementée, il est demandé de ne pas déplacer les animaux (quelle que soit l’espèce) jusqu’à nouvel ordre, afin de ne pas déplacer des vecteurs ou des animaux en phase d’incubation. « Surveiller quotidiennement l’état de santé des animaux. Passez régulièrement la main sur le cuir pour détecter rapidement une éventuelle apparition de nodules. », explicite la fiche technique, qui recommande aussi de restreindre l’accès de l’élevage aux intervenants totalement indispensables et de tenir un registre des personnes entrant dans l'élevage. « Exiger la plus grande rigueur des intervenants. Cela inclut : l’utilisation de cottes propres pour chaque élevage, la désinfection des bottes en entrant et en sortant des élevages, le stationnement des véhicules le plus loin possible des animaux (avec les fenêtres et coffres des véhicules fermés), en limitant au strict minimum les ouvertures et fermetures de portières/coffres, pour éviter que des insectes ne soient transportés… Sans oublier les règles de mise : maintien des mesures d’hygiène habituelle (lavage des mains…), usage de matériel à usage unique (aiguille…). » La limitation des populations de stomoxes et de taons est aussi préconisée.